mercredi 9 décembre 2020

La poupée russe au Louvre

 I.

        Il était une fois une jolie poupée russe toute blonde, avec de beaux cheveux ondulés et un regard à l'étincelle allumée. Elle avait ceci de particulier que bon nombre de belles et désirables poupées russes, finement maquillées et délicatement parées de foulards colorés, elle portait à l'intérieur de son cœur toutes ses petites soeurs, aussi bien apprêtées que leur grande sœur.  
            La jolie poupée russe se trouvait donc en visite à Paris et comme toute touriste digne de ce nom, elle souhaitait absolument visiter le célèbre musée du Louvre au cours de son séjour. Un beau jour léger et fraîchement humide, elle se rendit donc à la galerie et s'y laissa déambuler au fil des couloirs, dans les successions de salles, d'époques et de genres.           
            Et tout d'un coup, face à un tableau "contemporain"', toutes ses petites sœurs à l'intérieur de son cœur se trouvèrent saisies d'une forte stupeur. La jolie poupée blonde, bien arrangée à l'extérieur, se sentit comme défaite. Elle s'assit sur une banquette et resta le regard figé sur le tableau. Elle ne distinguait rien de précis, que des formes vagues, et pourtant évocatrices... Par ici, comme un regard perçant, des yeux bleus qui fixent et vous transpercent comme discernant les fantômes se tenant derrière vous. Par là,  un instrument, mi-violon, mi guitare, avec des notes de dix cordes. Par là encore, un sourire optimiste et plein de charme, entouré d'êtres sympathiques et rieurs, aux silhouettes indéfinies. Dans un autre coin, une mère esseulée et éplorée dont les mains cherchant le contact à tout prix se transforment en griffes. Sur un nuage, un enfant ; un magnifique chérubin au front tout aussi curieux que soucieux.  Juste en dessous, une femme brune, à la chevelure dense,  avec un visage bien tracé dénotant ainsi un caractère affirmé. Tout là haut, des formules, des symboles, des étoiles, comme une nouvelle science sur le point d'éclore. Au centre, une ligne à la fois svelte et bien plantée qui spirale autour d'un squelette dont les os semblent...trembler...

            La jolie poupée blonde se tenait tant bien que mal sur sa banquette... face à ce tableau, elle se sentait comme fascinée ... des gouttes de sueur parlaient sur son front... ses mains devenaient moites... sa respiration devenait de plus en plus courte... elle se sentait partir... comme happée par le tableau... une impression de déjà vu... déjà vécu... dans une autre vie peut-être.... elle voyait ses propres os trembler ... et la spirale s'évaporer... tout d'un coup, le squelette s'effondrait... elle n'était plus...      
            La jolie poupée blonde bien sous tout rapport venait d'entendre ses sœurs à l'intérieur se réduire en cendres. Et pourtant elle restait là, sidérée et perdue dans l'onde du temps.... Elle ne vit pas combien de passants passèrent et la dévisagèrent. Elle n'entendit pas les commentaires ni les questions qui suggèrent. Elle ne sentit rien d'autre que le rien.           
            L'heure de fermeture arriva enfin et le gardien qui l'avait gardée à vue d'oeil se chargea de la réveiller. Avec brusquerie il la prit par le bras... "Maintenant ça suffit ; vous aller vous activer et retrouver la vraie vie!"  La jolie poupée blonde ouvrit grand les yeux; sa bouche s'arrondit pour laisser passer un... silence... elle était muette... aveugle et muette... Le gardien l'accompagna sans ménagement vers la sortie et la prévint : "Si vous revenez, je vous fais expulser".       
            La jolie poupée blonde toute choquée et abasourdie, encore muette, et les yeux rivés sur le souvenir des formes sentit à l'intérieur les cendres encore chaudes de ses petites sœurs. Son cœur se serra, ses yeux s'emplirent de tristesse et leur étincelle perdit de son éclat.  
Elle ne pouvait rester en l'état, l'âme errante et l'esprit divaguant. Elle devait comprendre ; regarder froidement ; trouver un détail, une différence, un mot de fin. Alors elle se résolut à franchir l'interdit. Elle retourna au musée de nuit. 
            Dans son pays, elle avait appris à se déjouer de certaines alarmes. Et puis, elle n'y allait pas pour voler. Dans l'obscurité, elle reconnut assez aisément le parcours qui la conduisait jusqu'au tableau. Munie de sa lampe de poche, elle appréciait ce nouvel éclairage qui laissait de la place aux ombres. Bientôt elle se trouva face au tableau. Depuis la banquette, elle commença à le scruter avec attention sous ces nouveaux jours successifs que lui offraient les auréoles de sa lampe.

            Tout était là : les yeux bleus, la musique, la facilité de contact, l'optimisme, l'étude, la famille, la mère, l'enfant, l'alliance, le squelette, la spirale. Elle regardait tout cela en respirant le plus tranquillement possible ; cercle après cercle. Elle cherchait, cherchait encore, cherchait inlassablement.... la différence... cet éclair qui lui apporterait la paix... la résurrection des cendres... la vie et la joie de ses sœurs... elle entendait son cœur battre comme un tambour... elle se mit écouter son rythme et à laisser sa main se balancer au gré de ses battements.  La lampe de poche commença alors à suivre un tracé sur la toile. Et petit à petit, la jolie poupée blonde vit une forme émerger de l'ombre... comme un autre squelette qui se désenchevêtrait, se redressait et faisait face à la spirale.
            La belle russe entendit à l'intérieur son coeur battre plus fort et perçut la voix de ses sœurs. Elles étaient joyeuses de ces retrouvailles ; comme si leurs cendres s'étaient condensées pour donner naissance à ce nouveau squelette qui bientôt devant la spirale se mit à danser. Les sœurs à l'intérieur de plus en plus joyeuses et revigorées tapaient des mains comme des forcenées. Alors un cœur commença à se former à l'intérieur du squelette nouveau-né. Les sœurs s'exclamèrent et se mirent à supplier la grande poupée blonde : "'Chante Grande Sœur ! Chante !".  
            La grande sœur un peu intimidée arrondit ses lèvres et... juste un filet de silence.
Les sœurs insistèrent : "Chante Grande Sœur, Chante!" La grande sœur arrondit ses lèvres et un "Ooohhhh" timide s'en échappa. L'écho de la salle vide l'amplifia tellement qu'elle en sursauta. "Chante encore Grande Sœur, Chante !" Alors la voix de la grande sœur prit de l'assurance et une mélodie commença à suivre le rythme des battements de cœur.         
            La lampe dessinait toujours son tracé sur la toile ; de l'ombre avait surgi le squelette faisant face à la spirale ; puis un cœur s'était logé en son centre et voilà que maintenant la structure s'étoffait petit à petit de foulards colorés et bientôt apparut un visage délicatement maquillé. La grande sœur s'arrêta soudain de chanter la gorge nouée par l'émotion : elle venait de reconnaître l'une de ses sœurs qu'elle avait oubliée en chemin, un jour de vent en spirale, sur une musique de dix cordes. Un jour de zéphyr-désir, elle avait partagé un peu de sa chair ; elle en avait senti la brûlure de la coupure...  Son sang avait commencé à perler, puis à couler... Bientôt le flot se tarit, elle blêmit... Sans le savoir, écorchée vive, elle y avait laissé la peau.
Lorsqu'elle vit sa soeur reprendre forme, la jolie russe la prit dans ses bras, et ensemble depuis la banquette, elles restèrent un long moment à contempler le tableau. Elles étaient souriantes et en paix ; la spirale pouvait continuer ; elles ne se laisseraient plus happer.           
Délicieusement enlacées l'une à l'autre, elles s'assoupirent sur la banquette.      
Tant pis pour le gardien. Elles étaient ensemble et plus fortes ensemble, elles affronteraient le lendemain.

 

II.

Le ciel était gris et maussade. Les nuages bas formaient un couvercle pesant au-dessus des toits hérissés de cheminées et d'antennes. Elles étaient comme autant de herses tentant vainement de déchirer la toile épaisse et grisâtre du plafond empesé afin de le rayer d'un trait de ciel bleu ou d'une courbe de lumière.
Il contemplait ce geste désespéré des habitations parisiennes depuis la fenêtre de son bureau au dernier étage de son immeuble haussmannien.
Sa réflexion était entrecoupée de soupirs et de claquements de langue. Machinalement, il se passait la main droite dans les cheveux comme si  cela  pouvait l'aider à mettre de l'ordre dans des pensées aussi visqueuses et collantes  qu'un gruau pauvre et sans attrait dont la surface éclate en bulles anarchiques dès lors qu'il est trop chauffé.
Empêtré dans cette sensation de lourdeur et d'embarras, le conservateur du Louvre, vêtu d'un costume trois pièces au bleu suranné et aux rayures aristocratiques, pivota sur ses talons, s'approcha de son bureau et lut pour la énième fois les différents gros titres de la presse.


"Le Louvre : un hôtel de passage"
" Le plus grand musée de France aussi sûr qu'un hall de gare"
"Les alarmes du Louvre connues du KGB"
"Où passe le budget du patrimoine ? Certes pas  dans la sécurité !"
Le conservateur prenait les journaux un par un, lisait un chapeau sur l'un, quelques lignes dans un autre, et il les jetait sur sa table de travail, pêle-mêle, la mine perplexe et dépitée.
"Mais comment a-t-elle fait ?" "Et pourquoi ?" "Que faisait-elle sur cette banquette?"
Ces 3 questions le taraudaient, le démangeaient, l'agaçaient de leur valse lancinante dans les méandres embourbés de son cerveau.
Il était arrivé presque en même temps que la police venue arrêter la "suspecte" comme il l'avait ordonné au gardien de ronde du petit matin.
Au téléphone, à 4h14, celui-ci avait été bref et sec : "Monsieur le Conservateur,  nous avons un code 5412. J'appelle les  forces de l'ordre".

 

L'appel avait tiré le conservateur de sa méditation nocturne. Depuis de nombreuses années, des insomnies assaillaient quotidiennement ses nuits entre 3h30 et 5h. Il avait tout essayé : clinique du sommeil, hypnose, EMDR, acupuncture, magnétisme.... rien n'y avait fait. Il semblait condamné à vivre le reste de ses nuits l'oeil grand ouvert entre 3h30 et 5h.
Alors dans son appartement feutré, au creux de l'obscurité, après avoir savouré un fruit ou bu une tisane parfumée, il s'asseyait dans son fauteuil Ancien Régime, se couvrait d'une couverture, et il attendait.
Il observait les contours des meubles dans la pénombre, entendait au loin parfois le vrombissement d'une voiture , sentait l'odeur du papier vieilli de ses collections de livres alignés sur de mètres de bibliothèque. Et puis, il percevait dans ses pieds la vibration du sol au passage du premier métro de la journée. Il se levait alors, pliait sa couverture qu'il déposait avec soin sur son fauteuil, tapotait le dossier et retournait se coucher.
Ce matin là, à 4h14 précises, le téléphone avait sonné. Il avait sursauté comme surpris dans un rêve et avait décroché d'un mouvement automatique. "Allô ? (...) Ohh ! (...) Oui, la procédure. Appliquez la procédure."
Pris d'une soudaine frénésie, il s'habilla promptement et se rendit au musée aussi vite que sa voiture de fonctionnaire, ancienne bien que bien entretenue, le lui permit.
Quand il arriva dans les arrières du musée, il trouva 2 motos, une voiture et un fourgon de police garés en file indienne devant les accès et empêchant tout passage. La lueur bleutée et intermittente des gyrophares accentuait l'air fantasmagorique de ce petit matin brumeux. Il dût garer sa Peugeot un peu plus loin et revenir à pied, inquiet et marmonnant du brouillard. Alors qu'il approchait du porche, il distingua seulement une silhouette féminine, vêtue d'un imperméable clair, affublée de la masse imposante d'un policier en uniforme qui lui écrasait la tête de sa large main et la poussait en l'engouffrant dans le fourgon. Il put à peine voir la couleur blonde de la chevelure "suspecte" se rebeller sous la bousculade bourrue de l'agent. À part l'élan de cette mèche, rien ne laissait entrevoir chez cette femme une quelconque opposition ou résistance.

Un des agents en civil présents interrompit sa conversation avec le garde du matin et le concierge et s'approcha du conservateur : "M. Thibaud, merci d'être venu, ce n'était pas la peine. Tout est en ordre. Nous emmenons la suspecte au poste et nous l'interrogeons. Aucun vol à déplorer. Je vous tiens au courant. Passez au poste dans la matinée pour signer votre plainte."

 III.

M. Thibaud se tenait donc là debout près de son bureau, les mains dans les poches, les coudes en anses de jarre qui retenaient sa veste dont le col se déformait sous le pli vers l'arrière. Le gilet déboutonné laissait voir la chemise entrouverte et la cravate défaite. Ébouriffé à force de se coiffer et décoiffer à main nue, il avait l'air hagard de ceux qui ont passé une mauvaise nuit. Il regardait hirsute et désorienté la pile de journaux amoncelés sur sa table et voyait flotter au-dessus d'eux cette silhouette de femme à la chevelure blonde et débordante.
La perplexité le laissait perdu dans le vague. Comment cette femme d'abord plutôt apparemment docile s'y était-elle pris pour déjouer des alarmes parmi les plus modernes et infaillibles si ce n'est du monde du moins d'Europe ? Avait-elle un complice ? Un employé qu'elle aurait soudoyé ? Et pourquoi était-elle restée à s'endormir sur la banquette ? Pourquoi ne n'était-elle pas enfuie avant la ronde du gardien ? Si elle n'avait rien volé, peut-être avait-elle laissé quelque chose sur place ?
Un frisson parcourut le conservateur...
Et si elle était venue en reconnaissance ou pour cacher du matériel ou des armes pour un prochain coup ?
Blêmissant soudain, il attrapa son téléphone :
"Bureau Central de la sécurité ? Avez-vous vérifié que la suspecte de cette nuit n'a rien laissé dans le musée. Passez tout au peigne fin... les salles, les couloirs, les escaliers, les sanitaires, tout, absolument tout. Prenez toutes les équipes dont vous avez besoin et transmettez-moi votre rapport dans une heure au plus tard."
Sans attendre la réponse il raccrocha, se coiffa puis se décoiffa à main nue, arpenta son bureau, se prépara un café, et commença à faire les cent pas, entrecoupés de café et de ciel gris et maussade au dessus des toits hérissés de Paris.

 

L'heure avait passé, égrenant ses minutes vertes d'angoisse sur le cadran  de l'horloge digitale à peine visible sous l'amoncellement des journaux.
Le conservateur tapotait nerveusement le bord de son bureau, l'oeil noir, et le visage crispé. L'appel tant attendu n'était pas venu.
Contrarié de ne pouvoir glaner de nouvelles pistes, il décida d'enfiler son duffle-coat marron pour se rendre au commissariat.
Il ouvrait la porte de son bureau et soudain la sonnerie nasillarde de son téléphone retentit. Il se précipita sur le combiné en sueur :
"Allô?"
"M. le Conservateur ? Nous avons tout inspecté selon vos ordres. Et rien..."
Le visage de M. Thibaud se renfrogna davantage ; sa mâchoire se serra laissant saillir la dureté de son amertume.
L'employé poursuivit : "rien de très significatif, si ce n'est un foulard coloré. Souhaitez-vous que je vous le fasse apporter ?"
Soulagé, le conservateur laissa échapper un raclement de gorge et se reprenant répondit sèchement :
"Merci ; ce n'est pas la peine ; je pars maintenant pour le commissariat ; je passe par votre bureau."
Il raccrocha et se précipita hors de son bureau.

"Pour le chef, ça doit en être une tuile cette affaire !" commenta l'employé de sécurité à son collègue.  "Prépare le foulard. Il arrive."

Ils entendirent des pas résonner au fond du couloir gris béton des coulisses du musée et se mirent comme au garde à vous.
"Monsieur. Le foulard Monsieur"
Le conservateur prit l'étoffe, fit un signe de la tête en guise de remerciement et s'en retourna prestement vers la sortie.


À l'extérieur, le jour s'était levé.
Les rayons du soleil perçaient timides la couverture nuageuse et venaient offrir leur lumière aux flaques d'humidité réverbérantes des trottoirs ainsi pailletés de reflets de lune argentée.
Le conservateur s'interrompit dans son élan. Il huma l'air en exhalant des volutes vaporeusement fraîches et se mit à observer le foulard. Sa mousseline légère portait le poids de lourdes fleurs rouges aux pétales fournis et volumineux s'amoncelant sur un fond noir profond. Le tissu délicat fuyait entre les doigts du conservateur comme s'il regrettait de s'être laissé trouver. P-ê était-ce à cause de son parfum que les gardes avaient pu le remarquer ? Un parfum épais comme les pétales, aussi enveloppant que l'étole et à la fois évanescent.
Le conservateur s'en laissa imprégner à petites bouffées. Un goût de connu vint raviver ses papilles abruties par la succession de cafés du matin.
Il aurait juré que ce parfum peu commun l'avait déjà effleuré.
Le passage d'une voiture et les éclaboussures dans son sillage tirèrent le conservateur de sa rêverie.
Il s'écarta alerte, fourra le foulard dans sa poche et reprit son pas pressé en direction du commissariat.

 

 IV.

Il franchit le porche de pierre blanche sans prêter la moindre attention au planton de service.
Ses talons commencèrent à claquer et à résonner sur le pavé humide et glissant. Il s'arrêta un instant dans la cour intérieure et fit un tour sur lui même. Des portes vitrées toutes identiques sur chaque côté de l'ancienne place d'armes.
Il plissa les yeux et aperçut vers le fond une flèche et se résolut à la suivre.
La porte vitrée fermée derrière lui, il se retrouva dans une sorte de hall poussiéreux et mal éclairé.
"Pas mieux lotis que le culture" pensa-t-il.
Il entreprit de gravir l'escalier en bois élimé que plus personne ne criait depuis bien longtemps. Les marches creusées crissaient sous son poids. Il arriva bientôt au 1er étage dans un couloir dallé de carrés plastiques blancs et noirs. Il passa devant quelques portes grises en déchiffrant les étiquettes nominatives collées dessus.
À la quatrième, il s'arrêta. "Commissaire Simon".
Il frappa et après un bref instant un "Entrez" sonore et rocailleux surgit du silence ouateux.
Il poussa la porte et découvrit un bureau ni grand ni petit, éclairé par une grande croisée mal jointée, des murs lambrissés jusqu'à mis-hauteur d'un bois peint de la même couleur uniforme que les portes et tapissés sur le haut d'un papier blanc cassé flétri et auréole par endroits. Quelques posters écornés célébrant la gloire des forces armées se disputaient l'espace avec des affichages de circulaires et de notes manuscrites.
Sur la gauche un porte manteau et un meuble bas métallique aux portes coulissantes décalées et entre-ouvertes comme laissant s'écouler un trop-plein de paperasse indigeste.
À droite le lourd bureau du commissaire croulant sous les chemises et les dossiers à boucles de ceinture.
Le commissaire se leva et pria l'arrivant de s'asseoir sur l'une des deux chaises au siège plastique rembourré à la manière des selles de moto.
"M. le Conservateur ! Merci d'être venu ! Je suis navré de ce qui s'est produit cette nuit au Musée. Sachez que nous ferons tout notre possible pour élucider cette affaire au plus tôt. Nos moyens sont ceux dont nous disposons mais nous nous engageons à tout mettre en œuvre pour résoudre la situation.
Nous avons interrogé l'interpelée ce matin dés notre arrivée ici et pour l'instant, rien. Elle ne dit rien. Elle s'entête dans le silence. Nous avons procédé aux tests de routine d'alcoolémie et de stupéfiants. Rien à signaler. Nous l'avons placée en cellule isolée pour une garde à vue. Nous attendons la visite d'un psychiatre pour une évaluation de son équilibre mental.
Je vous ai préparé les formulaires de dépôt de plainte. Je vous écoute pour les remplir".
Le conservateur remercia poliment le policier, commença à décliner son identité. Il mit la main à la poche pour prendre son portefeuille et sortir ses papiers. Il sentit alors sous sa main le tissu fuyant du foulard coloré.
Son regard se figea, se perdit un instant dans le vague puis avec un léger trouble dans la voix s'adressa au Commissaire.
"Est-ce que je pourrais la voir ?"
Le Commissaire n'en crut pas ses oreilles. "Pardon ?"
"Oui, je sais. Ça peut paraître un peu fou. Mais je voudrais la voir, lui parler, avant quoi que ce soit. Avant le psychiatre, avant l'avocat, avant la plainte."
"Ce n'est pas dans la procédure ça, M. Le Conservateur. Ce que vous me demandez est franchement impossible.  Non seulement ça fausse l'enquête mais en plus je risque ma place pour faute professionnelle grave !"
"Je vous demande juste 10 minutes, M. Le Commissaire. 10 minutes pour me donner une chance de comprendre"
Le Commissaire resta perplexe face à cette insistance qui lui paraissait des plus déraisonnables. Mais après tout, la suspecte semblait plutôt inoffensive  et vu son silence de pierre tombale, bien chanceux serait le conservateur s'il parvenait à lui arracher un mot.
"Juste 10 minutes" répéta le conservateur.
"D'accord. 10 minutes. Pas une de plus. Ici dans mon bureau et je reste à la porte."

 

 


 

lundi 23 novembre 2020

Histoires instantanées

 

Assoiffés dans le désert 

Il était une fois un vieux cow boy qui revenait de son expédition avec son collègue blessé.
Tous deux traversaient une portion du grand désert de l'Arizona. Le compagnon était bien mal en point et ne tenait plus sur son cheval. Presque inconscient, il était étendu sur sa monture et à chaque pas exhalait de sa bouche un râle inquiétant. Le cow-boy devait trouver de quoi hydrater son compère au plus vite. 

Là, il trouva un cactus. En en tranchant une lamelle, il put en humecter les lèvres de son ami et presser un peu de pulpe dans sa bouche. Bientôt, ils arrivèrent près du cours d'une rivière . Elle était plus caillouteuse que ruisselante mais un fin filet d'eau se faufilait entre les galets. Le cow-boy à grand peine fit descendre son compère de cheval et le portant sur son dos, le conduisit près de la rivière. Il l'y déchaussa et laissa le filet d'eau couler le long de ses orteils et de ses chevilles. Patiemment, il recueillait un peu d'eau dans ses paumes de main et mouillait les tempes et la nuque du blessé. Il déchira des pans de son pantalon et les réduisit en lanières. Il les plongea dans le ruisseau et les gardant les plus humides possibles les enroula et les serra dans ses sacoches. Il remplit tant bien que mal sa gourde. Épuisé, lui aussi confia un moment ses pieds au filet d'eau. Sa vue commençait à se troubler ; la sueur coulait sur son visage ; ils ne pouvaient rester là plus longtemps. À grand peine, il remis son collègue en selle et ils reprirent leur route. 

L'ami divaguait plus ou moins et ne pouvait boire sans recracher ni s'étouffer. Alors le cow-boy qui s'affaiblissait de plus en plus, courageusement, prenait petit à petit dans sa sacoche les compresses qu'il avait préparées et en entourait la tête du presque moribond. Lui remettant le chapeau sur la tête, il lui marmonnait "Tiens bon vieux, on va s'en sortir". Et déterminé, il reprenait sa route. 

Les chevaux commençaient eux aussi à renâcler et à baver. La tête du cow-boy dodelinait de plus en plus ; il fut à deux doigts de tomber si les rênes et les étriers ne l'avaient pas entravé. Mais il continuait à accompagner son ami vers la vie. Il s'en remettait de plus en plus à Dieu, aux Esprits des Sauvages même, qui sait, toute aide est bonne à prendre. 

Soudain au loin, des silhouettes et des tourbillons de poussière.... Fou d'espoir il se mit à crier, s'empara de son colt et tira en l'air...

mardi 3 novembre 2020

Grammaire de l'imagination... Jeux de style selon Gianni Rodari (8)

JEU 8.
 

Choisissez un mot.
À partir de ce mot, établissez 2 listes sélectives opposées ou complémentaires et faites votre composition.
J'ai choisi le mot "Chut!"
J'ai établi une liste de mots "bruit" et une autre de mots "silence".
Le texte qui est venu s'articule ainsi autour de plusieurs onomatopées.

 "Et vlan ! Prends ça ! Bim ! Et encore ça ! Paf ! Je t'aurai ! J'aurai ta peau ! Boum ! C'est fini, tu entends ? C'est fi-ni. FIINIIIIII !!" hurla-t-elle.
Elle se réveilla en sursaut, en sueur, le cœur haletant. L'ombre s'était envolée. Dissoute. Désagrégée, dans la nuit vaporeuse de ses rêves embourbés. Autour d'elle, plus rien. L'espace. Le néant. Ou presque.

BzzzzBzzz... une mouche emprisonnée derrière le rideau contre le carreau cherchait à fuir. Tic-tac TicTac Glong... l'horloge à balancier battait le temps de sa mesure cadencée. RonRon RonRon... le chat enroulé sur le coussin blotti dans le fauteuil ronflait apaisé, le museau alangui sur son flanc. FlicFloc FlicFloc... dehors la pluie clapotait tranquillement contre les volets.
 

 Elle reprit ses esprits, s'essuya le visage du revers de la main, caressa ses cheveux du bout de ses doigts. "Encore ce cauchemar" pensa-t-elle. Elle soupira, se recroquevilla sous les draps, et la tête s'alourdissant sur l'oreiller, elle commença à chantonner à l'intérieur d'elle : "Dors, bébé, dors. Dors, il pleut dehors. Dors, bébé, dors." Elle s'endormit bientôt.
 

VroumVroum... faisait son scooter qui roulait à vive allure dans les rues de sa ville. TocToc... et elle sauta au cou de son ami, l'entourant de ses bras. "Enfin là!" Ils rirent ensemble. "Allez, viens!". ClicClac ClicClac... Leurs tongs marquaient le rythme de leurs pas insouciants sur le bord de la piscine. Ils chahutaient, ils dansaient, ils riaient, ils se bousculaient.
 

 Zip. Bang. Plouf. Elle glissa, dérapa. Sa tête heurta le rebord. Son corps sombra tout droit vers le fond. Driiiing Driiiing Driiiiing. ... "Putain ! Répondez !" "Allô ! Marins Pompiers j'écoute" PimponPimpon.... "Enfin les secours arrivent ! Tiens bon ! Tiens bon !" Il lui serrait la main. Elle était là inerte, blême et ruisselante, à peine couverte d'une serviette. "Par ici, par ici" cria-t-il. Il s'écarta pour laisser la place à l'équipe médicale.
 

TapTapTap... "Mademoiselle, vous m'entendez ?" TapTapTap... "Sors le matériel, vite !" Le médecin plaça les électrodes, régla la machine. Piiiiiiiiiiiiiiiii Psst' "Vous m'entendez? Elle ouvrit les yeux. Près du lit d'hôpital, l'infirmière penchée vers elle lui sourit. "Bonjour Mélodie! Votre ami est là aussi."
 

Il s'approcha d'elle, lui caressa la joue, ému et attendri. Une larme roula sur le visage de Mélodie. Elle fit mine de vouloir prononcer quelque chose. "Chut, ma douce Mélodie. Repose-toi. On parlera plus tard. Tu peux pleurer. Je suis là, avec toi. Tu peux pleurer. Je reste là."

jeudi 29 octobre 2020

Grammaire de l'imagination... Jeux de style selon Gianni Rodari (7)

JEU 7 :

Dernière proposition de création d'écrit à partir du mot "soleil".
Cette fois il s'agit de prendre chaque lettre du mot et d'y associer un ou plusieurs autres mots qui commencent par ces initiales. Cela permet de constituer un corpus de départ pour une invention.
Ce qui m'est venu aujourd'hui est un portrait. 

Sillonnant son visage, elles servaient de subterfuge subversif et signalaient les sensations qu'elle éprouvait de satisfaction, souci ou sarcasme selon qu'elle affichait un sourire séduisant, réprimait un sanglot salé ou taisait un scandale saignant.
Son œil vif, tantôt couleur opale, tantôt teinté d'orage, n'occultait rien des outrages oppressants, des oublis salvateurs et des options omises.
Ses lèvres, rarement laquées de rouge, libéraient parfois une lecture qu'elle voulait lucide des litiges larvés lovés en elle. Mais elles se liguaient le plus souvent dans une lutte pour la loyauté envers ses lignées.
Écoutant à l'écart, elle ébauchait l'espoir d'une entente ébouriffante avec un être faisant écho à ses effervescences éclectiques.
Une intuition s'installait en elle, s'incarnant inexorablement. Une inspiration idéaliste, illusoire peut-être, impalpable réellement, s'implantait avec impertinence, comme un air incendiaire vient indiquer l'indiscret ou l'indicible.
De derrière ses lunettes, elle laissait la lumière labourer en elle. Déjà les loupiotes de ses pupilles où logeaient depuis des lustres ses lubies languissantes, levaient les leurres, limogeaient les litanies et livraient aux limbes les liens limitants.

Grammaire de l'imagination... Jeux de style selon Gianni Rodari (6)

JEU 6 :

Le mot que vous avez choisi le 1er jour peut être le thème central d'une mosaïque d'évocations.
Le mien est toujours "soleil". 

L'air est doux. Le rythme du temps en suspens. Le confinement mène chacun dans des chemins de traverse, d'exploration, d'urgence ou de tangente selon les conditions environnantes.
Aux confins du confinement, le questionnement incessant et lancinant de Meena m'accompagne. Bercée par le mouvement du hamac et le vrombissement des moteurs coupeurs de gazon, les pages glissent lentement entre mes doigts. Profondeur des abîmes et résurgence, renaissance.
Le soleil diffuse sa douce chaleur et ses rayons jouent rieurs entre les jeunes feuilles tremblantes des arbres. Les mots de Meena tantôt orage tantôt espoir sont emportés dans une sorte de clapotis de lumière. 

Le reflet des feuilles danse à la surface de l'eau ridée. La brise de cette fin d'été vient rafraîchir l'ambiance rendue pesante par un lourd soleil de plomb. Le lac frémit à chaque souffle et ondule comme de plaisir, s'étirant de sa torpeur vespérale. Le sable crisse délicatement sous mes pas. Nonchalamment je choisis au hasard quelques cailloux plats et tente le geste des ricochets.
Le lac encore trop paresseux refuse d'agir en ma faveur ; loin de tendre sa peau pour les galets faire rebondir, il ouvre tout grand ses eaux et comme affamé les engloutit tout rond. Et là, tout au fond, polis par les flots, parsemés de paillettes dorées ou creusés de noires cachettes secrètes, les rochers s'entassent, s'entremêlent ou s'arqueboutent dans des constructions hasardeuses où viennent se heurter, se ficher, se figer les branches sèches d'automne. 

Le courant du ruisseau emporte avec lui les feuilles ocres et rouges, témoins du feu couvant de l'automne. Les arbres se dépouillent dans une douceur de miel. Le soleil coule par ondes apaisantes entre les ramures dénudées et se dépose fatigué sur le manteau coloré de la terre assoupie.
Cric ! Crouc ! Crac ! La glace se réveille dans la blancheur matinale. Le givre enveloppe les arbres de ses barbes acérées et de ses piquantes étoiles. Majestueux dans ces silhouettes frigorifiées, ils étirent leur bras au ciel vers le soleil, comme dans un appel, une prière, voulant se détacher de ce linceul roide et gelé. Leurs contours trop nets dans l'air froid et immobile se laissent délicatement enlacer par les volutes de buée qui émanent de la Terre. Les courageuses ardeurs de l'astre d'hiver réveillent patiemment les gouttes d'eau enfermées dans le carcan de la froideur. Les petits génies intérieurs reviennent à la vie irisés et rieurs et nous offrent de bon cœur des perles ruisselantes de petits bonheurs.

Grammaire de l'imagination... Jeux de style selon Gianni Rodari (5)

 JEU 5 :

Avec le mot choisi le 1er jour, faites une liste de mots qui se rapporte au même thème ou champ lexical et écrivez votre conte.
Mon mot de départ est toujours "Soleil" et je me suis amusée aussi avec quelques mots-valises. 

 La genèse de Solune. 

Il était une fois, un certain 8 avril, une lune, toute pleine, et qui en avait marre de toujours rater l'entrevue avec son soleil, ce qui lui laissait une étrange sensation de vide. Alors, pensive, elle se mit à réfléchir, et de tant réfléchir, elle se mit à rosir, d'embarras d'abord, de ridicule ensuite, de chaleur un peu plus tard et puis vint enfin un délicat sentiment de plaisir.

Elle commença à écrire, se laissant traverser par un vent de douce et éloquente folie. "Qu'à cela ne tienne, se disait-elle, puisqu'il est si difficile, voire impossible que mon amoureux et moi puissions nous rencontrer en pareilles circonstances, je vais créer le paysage où nous pourrons exister, vivre et rayonner tous les deux." 

Et c'est ainsi qu'en ce 8 avril, dès l'Aube, elle commença cette nouvelle Genèse. Elle décida de renvoyer tous les anciens créateurs chez eux, depuis le temps de Qutzalcoatl jusqu'à celui de Charles Trénet ! "Non mais... nous réserver juste les moments d'éclipse pour que mon chéri et moi soyons ensemble... vous le croyez, vous ? C'est décidé ! À partir de maintenant, débute l'ère de Solune !" 

Dans Solune, les êtres et les choses sont spéciales. Elles sont unifiées et divisées en même temps... DIVINIFIÉES ! Oui, c'est ça, Divinifiées. C'est magique. Exponentiellement magique ! Notre pleine Lune se frottait les mains, fière de son invention et rosissait toujours plus. 

Elle reprit sa création... Ainsi, ces êtres et choses Divinifiées prennent dès maintenant place dans un Terriel, où elles peuvent à leur convenance courir avec des pattes, faire des pieds et des mains ou voler de leurs propres ailes. Quelle liberté de mouvement, de choix d'action, d'évolution ! Merci nouveau monde Dimain. 

La Lune respirait d'aise et dans une nouvelle inspiration elle ajouta : Désormais, nous admirons la beauté des Nutoiles, à la fois cotonneuses et brillantes, issues de l'Airtière inépuisable ! Et le rêve s'étend à l'infini, dans un Jouruit interminable car le temps est aboli. 

La Lune sentait la joie et la gratitude vibrer à l'intérieur d'elle. "Ah ! Dimain, sincèrement Merci. Merci pour cette ère de Solune ! Enfin je peux me trouver belle et pleine auprès de mon tendre ami ! Au lieu de jouer à cache-cache, nous pouvons échanger en paix dans cette nouvelle Lumombre, bénie par les Coménètes protectrices et bienveillantes. Ensemble, à partir de notre Froileur, nous créons tout plein de petits Unicules et nous savons parfaitement nous en occuper tous les deux car nous baignons maintenant dans cette ambiance nuancée et joyeuse de Ritout." 

La Lune resta un moment contemplative et rose au firmament et puis l'inertie de sa course l'emporta vers d'autres horizons. Peut-être certains chanceux ont-ils entrevu tout ce qu'elle désirait transmettre ? Ceux-là sans doute pourront-ils refléter dans leurs œuvres sa volonté. 

Et troualaxie
Galatrounoir
Ce conte de Solune
donnera espoir.

Grammaire de l'imagination... Jeux de style selon Gianni Rodari (4)

Jeu 4 :

À partir du mot choisi le premier jour, établissez une liste de mots qui fassent rime et composez votre poème. Mon mot est "soleil"...

Méditation au soleil. 

La Terre est mon corps...au jardin de l'éveil
La douce caresse des rayons du soleil
La réchauffe tendrement en son cœur
Où patientent graines et germes de bonheur.
Et quand du ciel disparaissent les corneilles,
Et l'azur voit danser affairées les abeilles
D'abondance nous emplissons nos corbeilles
Et régalons nos papilles de rouges groseilles. 

L'Eau est mon sang, précieuse comme le vermeil,
Elle irrigue ma chair des cheveux aux orteils.
Le chant de joie qui dans son flot coule et roucoule
Emplit l'air d'une mélodie qui déboule dans la foule.
Les gorges se déploient, les cascades de rires égayent
Les terrasses où réunis entre amis sous la treille
L'âme légère malgré la chronique qui défraye
Nous blaguons ensemble autour d'une bonne bouteille. 

L'air est mon souffle ; il m'inspire conseil
Sa sagesse éclaire ma conscience en sommeil
Toujours présent, parfois lourd et étouffant
Ou léger comme le vent, il fait grandir l'enfant
Qui en moi rage, pleure, tape, mord et bégaye
Éloignant de lui les cauchemars qui l'effrayent
Dans la nuit, les doutes et l'impuissance il balaye
Pour ouvrir ses yeux sur un monde de merveilles. 

Le feu est mon esprit, à nul autre pareil,
Il sème éclairs et lumières tel du méteil,
Le confiant à la Terre pour qu'au fil des mois
Vie et forme naissent de ce moment d'émoi,
Uniques et animées d'une lueur qui ensoleille.
Alors grâce au Ciel, de ma nature toutes les histoires vieilles
Dans le pétillement présent, s'abandonnent et se délayent.

Grammaire de l'imagination... Jeux de style selon Gianni Rodari (3)

Jeu 3 :

Prenez la 1ère syllabe du mot choisi pour le jeu 2
Donc, pour moi, c'est "SO".
Créez une liste de mots qui commencent pareil et rédigez...

Voici un billet d'actu. 

La solitude qu'impose le confinement met à rude épreuve la solidité des liens sociaux. Le socle de survie pour éviter de somatiser est-il la sobriété des gestes, la sollicitude envers son prochain, ou encore la solidarité entre voisins ? 

Sortons de notre somnolence et observons : 

Au rez-de-chaussée, Socrate le concierge s'entraîne au sophisme. Trois voisins sonnent à la porte. Les trois voisins sont malades. Suis-je malade aussi ? 

Au premier, le sophrologue enregistre son tuto YouTube et soliloque devant son écran en proposant ses solutions anti-stress. 

En face, Solina la soprano, lui offre le fond sonore entre cours de solfège via Zoom, arpèges soporifiques et sonate somptueuse. 

Au deuxième, Sosithée, la sommelière a dû troquer le vin contre le soda. Resto fermé, reste pour elle le sofa, la TV et les sorbets. 

En face, Sorel, le soldat retraité. Sosie de Rambo au port solennel, sitôt tiré du sommeil, il se pend à la solive et fait ses tractions. 

Au troisième, Solvig surfe sur Soho.com et se rue sur les soldes en ligne, du Sopalin à la socquette en passant par les somnifères. 

En face, Soliman le poète, fuit la sottise et les sornettes au travers des sonnets et des rimes sophistiquées. 

Au dernier, Solange, la sorcière au sobriquet bien mérité, entretient la sororité en diffusant l'énergie du solstice au "Sommet de la conscience". 

Petit extrait soluble de société à la solvabilité précaire voulant éloigner les spectres sordides comme les sonnailles écartent le loup.

Grammaire de l'imagination... Jeux de style selon Gianni Rodari (2)

Jeu 2 :

Choisir un mot. Prendre sa 1ère lettre.
Faire une liste de mots avec cette lettre.
Écrire une histoire avec les mots trouvés et ceux qui surgissent bien sûr.
Voici l'histoire qui a filé sous le stylo avec la lettre S :

Il était une fois un sage et un sauvage qui quotidiennement se saluaient à la sortie du village. 

Le premier était un homme sérieux, qui avait soif de silence, et cherchait le sacré de la vie dans les songes éveillés.
Le deuxième était plutôt du genre saltimbanque , aux idées saugrenues, pour qui la vie était synonyme de petites Suzes qu'il sifflait sans saturer tout au long de la sainte journée.
 

Un jour le sage, attristé de voir le saltimbanque soûl sur le sentier, le stoppa net et lui demanda : "Votre souhait n'est-il pas de vivre en mettant du soleil dans le cœur de vos semblables ?"
Surpris, le saltimbanque sursauta, fit quelques pas de swing, et sans-gêne, siffla une nouvelle Suze à la santé du sage. 

Le jour suivant, la silhouette du saltimbanque se dessinait au loin et le sage se résolut à le suivre afin de trouver une solution qui lui soit salutaire.
Le saltimbanque le vit et le laissa faire en sifflotant et en continuant de siffler les Suzes. 

À la nuit tombée, le sage avait perdu sa sérénité et se mit à prier le Ciel pour savoir comment mieux rendre service et sortir ce traîne-savate de la saleté. 

Au 3ème jour, le sage attendait sur le sentier mais le saltimbanque restait invisible. La sueur perla sur son front. Le cœur en panique, il songea au pire et partit à la recherche du vieux siphonné. Il le trouva bientôt sous un sycomore, savourant une tranche de saucisson et en grande conversation avec un singe qui mangeait une sauterelle. 

Quand il vit le sage s'approcher, il s'écria : "Ah ! Te voilà mon sauveur ! À vouloir ma sécurité, ton esprit s'est assombri. Alors que le soleil de ton cœur était de te croire le meilleur en me saluant le matin comme un souffre-douleur."

Grammaire de l'imagination... Jeux de style selon Gianni Rodari

JEU 1
Choisissez un mot. À partir de ce mot, établissez 2 listes sélectives opposées ou complémentaires et faites votre composition. 

En ce qui me concerne, j'ai choisi le mot "Chut!"
J'ai établi une liste de mots "bruit" et une autre de mots "silence".
Le texte qui est venu s'articule ainsi autour de plusieurs onomatopées :
 

"Et vlan ! Prends ça ! Bim ! Et encore ça ! Paf ! Je t'aurai ! J'aurai ta peau ! Boum ! C'est fini, tu entends ? C'est fi-ni. FIINIIIIII !!" hurla-t-elle.
Elle se réveilla en sursaut, en sueur, le cœur haletant. L'ombre s'était envolée. Dissoute. Désagrégée, dans la nuit vaporeuse de ses rêves embourbés. Autour d'elle, plus rien. L'espace. Le néant. Ou presque.
 

BzzzzBzzz... une mouche emprisonnée derrière le rideau contre le carreau cherchait à fuir. Tic-tac TicTac Glong... l'horloge à balancier battait le temps de sa mesure cadencée. RonRon RonRon... le chat enroulé sur le coussin blotti dans le fauteuil ronflait apaisé, le museau alangui sur son flanc. FlicFloc FlicFloc... dehors la pluie clapotait tranquillement contre les volets.

Elle reprit ses esprits, s'essuya le visage du revers de la main, caressa ses cheveux du bout de ses doigts. "Encore ce cauchemar" pensa-t-elle. Elle soupira, se recroquevilla sous les draps, et la tête s'alourdissant sur l'oreiller, elle commença à chantonner à l'intérieur d'elle : "Dors, bébé, dors. Dors, il pleut dehors. Dors, bébé, dors." Elle s'endormit bientôt. 

VroumVroum... faisait son scooter qui roulait à vive allure dans les rues de sa ville. TocToc... et elle sauta au cou de son ami, l'entourant de ses bras. "Enfin là!" Ils rirent ensemble. "Allez, viens!". ClicClac ClicClac... Leurs tongs marquaient le rythme de leurs pas insouciants sur le bord de la piscine. Ils chahutaient, ils dansaient, ils riaient, ils se bousculaient. Zip. Bang. Plouf. Elle glissa, dérapa. Sa tête heurta le rebord. Son corps sombra tout droit vers le fond. 

Driiiing Driiiing Driiiiing. ... "Putain ! Répondez !" "Allô ! Marins Pompiers j'écoute" PimponPimpon.... "Enfin les secours arrivent ! Tiens bon ! Tiens bon !" Il lui serrait la main. Elle était là inerte, blême et ruisselante, à peine couverte d'une serviette. "Par ici, par ici" cria-t-il. Il s'écarta pour laisser la place à l'équipe médicale. TapTapTap... "Mademoiselle, vous m'entendez ?" TapTapTap... "Sors le matériel, vite !" Le médecin plaça les électrodes, régla la machine. Piiiiiiiiiiiiiiiii Psst' 

"Vous m'entendez? Elle ouvrit les yeux. Près du lit d'hôpital, l'infirmière penchée vers elle lui sourit. "Bonjour Mélodie! Votre ami est là aussi." Il s'approcha d'elle, lui caressa la joue, ému et attendri. Une larme roula sur le visage de Mélodie. Elle fit mine de vouloir prononcer quelque chose. "Chut, ma douce Mélodie. Repose-toi. On parlera plus tard. Tu peux pleurer. Je suis là, avec toi. Tu peux pleurer. Je reste là."

mardi 27 octobre 2020

La petite fourmi boîteuse

Il était une fois une petite fourmi, persévérante et travailleuse, mais qui dans sa file, faisait immanquablement un faux pas.


Elle suivait les autres, portant son butin, comme les autres, toujours soucieuse que la colonie soit contente et se porte bien. Mais immanquablement, elle faisait un faux pas.


La plupart du temps, elle parvenait à dissimuler le décalage, à garder l'équilibre et à rattraper la cadence. Elle ignorait si ses compagnes s'apercevaient de son défaut ; toujours est-il qu' elles n'en laissaient rien paraître.
Certaines autres fois, c'était plus compliqué ! Non seulement elle s'embrouillait les pattes, mais en plus elle avait la tête qui tournait, s'étourdissait, s'alourdissait au point de ne plus se reconnaître. Elle devait quitter la file, mettre son bagage à terre,  et attendre... elle ne savait trop quoi... elle ne pouvait qu'attendre... bien sûr, chouchouter son dos endolori par la charge, rafraîchir ses antennes à la rosée, soulager ses pattes dans l'argile, chanter à tue-tête en écho à ses compagnes, tout cela lui faisait du bien, mais immanquablement, un jour ou l'autre, ce faux pas sur fond de vertige revenait la surprendre et elle devait quitter la file, mettre son bagage à terre, et attendre... elle ne savait trop quoi... mais elle ne pouvait qu'attendre...


Bien sûr, certaines fourmis bien intentionnées étaient venues lui proposer aide, compagnie et soutien. 

Il y avait eu la fourmi musicienne qui lui avait joué de longues romances. Ensemble elles auraient pu composer des airs en duo, en écho ou en canon. La fourmi musicienne était hélas trop éprise des mélodies en solo pour rester avec notre petite fourmi boiteuse. 

Il y avait eu aussi la fourmi rieuse qui l'avait beaucoup amusée et fait rire aux éclats, dorlotée et se sentir presque comme les autres. Ensemble, elles auraient pu composer une histoire heureuse, avec un happy end de conte de fées. La fourmi rieuse manquait hélas de sérieux et s'était jouée de la petite boiteuse qui n'y avait vu que du feu.


Il y avait eu la fourmi lumineuse qui avait éclairé la forêt avec une telle intensité que le jour ne se distinguait plus de la nuit ; le vide semblait à jamais rempli ; les ennuis tombés dans l'oubli.
Ensemble, elles auraient pu distribuer des étincelles de vie, en veux-tu en voilà, et illuminer le monde de ces éclats ensoleillés. La fourmi lumineuse était hélas magicienne illusionniste et repris sa route dès son tour de magie à bout de batterie. 

La petite fourmi boiteuse éblouie et aveuglée se sentait de plus en plus démunie. Cela faisait longtemps maintenant qu'elle avait quitté la file, mis son bagage à terre, et qu'elle attendait... elle ne savait trop quoi... mais elle ne pouvait qu'attendre... 

Enfin au loin elle vit arriver la fourmi solitaire, enfin c'est ce qu'il lui paraissait. La fourmi solitaire prit le temps de l'écouter et comprit qu'il s'agissait peut-être pour la petite boiteuse de retrouver son rythme. Alors ensemble elles jouèrent à alterner des noires, des blanches, des silences, des soupirs, des croches, des demi-croches, et même des accroches. La petite boiteuse heureuse se prit à espérer :  aurais-je trouvé la place qui me va bien ? 

La petite boiteuse, l'esprit embrumé de trop de vieilles mélodies, la mémoire encombrée de vieilles histoires, et encore toute éberluée de son réveil illusoire, ne savait plus qu'une chose : elle avait quitté la file et mis son bagage à terre.  S'accrocher à la fourmi solitaire qui ressemblait à une flamme complémentaire était bien tentant.
Mais cela leur serait-il salutaire ? La fourmi célibataire à l'esprit libertaire avait sûrement le regard fixé sur des horizons d'évasion aussi vastes que son désir de futures explorations.
 

Alors à votre avis, que se sera-t-il passé pour la petite boîteuse ? Aura-t-elle su conserver le rythme des noires, des blanches, des silences, des soupirs, des croches et des demi-croches sans s'accrocher et laisser s'éloigner son amie de passage sans anicroche ?


Nez crochu nez pointu
De la suite peut-être
Serez-vous déçu
Cœur fendu cœur collé
La fin vous appartient,
D'en décider il vous revient !

dimanche 25 octobre 2020

Des Rimes pour quelque chose ?

Sommaire

Accepter de se regarder
Adolescence
Agapanthe
Aimer avec tendresse
Amandier
Appartenance
Balle au prisonnier
Censure
Centre de la croix
Chrysanthème de la crise en thème
Coeur de petite fleur
Confinement
Connexion
Coquillage et crustacé
De concert avec l'oiseau
Dédale et Icare
Deux chouettes dans la nuit
Émancipation
Emprise
Engagement
Écorchure
Fermouverture
Force, Santé et Bonne veine
Forge
Gentil Coq'licot Mesdames
Houx
Incarnation
Magnolia for ever
Narcisse
Novembre émerge...
Nuit paisible
Ode au scarabée
Omnipotence
Paix du dimanche
Pas dans mon corps
Petite fille aux allumettes 
Petite grammaire incestuelle
Pince Mie, pince Té
Prix de la reliance
Puissance d'une lettre
Réassurance
Résilience
Saltimbanque funambule
Si j'étais un homme...
Soutien salvateur
Story Movie
Variation en chamane mineure

***
Accepter de se regarder
... Ou ce que Dali aurait pu écrire à Gala...

Dans le cercle, yeux dans les yeux,
Je « te » vois, je « me » vois, je « nous » vois
Ensemble nous avons créé ce lieu

Contre toi, en silence,
J’écoute ton cœur, j’écoute ta voix
Je me laisse porter par ton rythme et sa danse

Un texte, une photo, un poème
Partagé au lever du jour, sous le soleil ou dans la nuit
Une vibration dans un « nous » comme une graine que l’on sème.

Partir et revenir de toi à moi ou de moi à toi,
Construire un chez soi près de l’autre
Sur ce chemin d’embûches, d’amour et de foi.

Sécher tes larmes, te donner la force de rester debout,
Caresser ta peau, accueillir tes défauts,
Effleurer ton âme dans sa vérité et sans tabou.

Dans l’intimité je t’aime, tu m’aimes,
Inséparable et entière depuis le Tout jusqu’au Rien
Dans le souffle du lien précieux comme une gemme.

***

Adolescence 

Adolescence
Les sens à domestiquer
Qui fusent rageurs à travers
Les pores d'une peau trop astiquée
Comme pour masquer un univers
Intérieur où la vie inexpliquée
Prend son ampleur par devers
Les lois jusqu'alors indiquées 

Adolescence
L'essence à dominer
L'autre en soi inconnu à découvrir
Des visions des aspects abominés
À intégrer à presque en mourir
Le fil de la vie à dérouler, deviner
Et sans cesse des voies à parcourir 

Adolescence
Laisse en ce domaine
De transition la chenille devenir
Papillon où que ton cœur te mène
Écoute-le à l'intérieur qui se démène
Pour qu'à travers lui tu puisses sentir
En toi la foi la joie qu'il amène
Te détourner du vide du désir
Avide qui dans la chair fait souffrir
Ton âme de sa stérile rengaine.

***

Agapanthe  

Déracinée de ton Sud natal
Par les marins du Nord,
Ta tige expose forte et fière
Tes corolles épanouies en sphère.

Sur ton sol d'origine,
Était honorée ta racine.
Soutien de vie, ton rhizome
Aidait à faire naître les mômes
Puis préservait les hommes
Et les femmes, de tout en somme.
 
Dans les tribus, plante d'amour
Pour les plaisirs humains,
Ton nom dans les "hautes cours"
Fit appel à l'Esprit Saint.
 
Ta sève patiemment nous élève
Jusqu'au moment de l'éclosion
Où nos fleurs en riche profusion
Rayonnent en toutes directions,
Accueillant aux portes de l'été
Le feu de l'heureuse prospérité.

***

 Aimer avec tendresse

Aimer avec tendresse,
C'est parfois dire sans sécheresse
Mais avec gentillesse
Ces travers gênant notre sagesse. 

Aimer avec tendresse,
C'est bien écouter avec finesse
Tant de ces faiblesses
Dissimulées avec maladresse

Aimer avec tendresse
C'est taire avec force de souplesse
L' envie vengeresse
Après les mots qui piquent et blessent

Aimer avec tendresse
C'est offrir à l'autre la largesse
Pour qu'il renaisse
Avec un cœur empli de noblesse 

Aimer avec tendresse
C'est agir afin que disparaissent
Les envies d'ogresse
Et émergent les anges de hardiesse. 

Aimer avec tendresse
C'est partager joies et allégresses
Que la vie caresse
D'une promesse de joliesse    

***

Amandier


De leur amour malheureux, naquirent
Un arbre et un fruit : le beau Démophon
Rejoint Phyllis en amande amère.

La Mare Nostrum, ils la conquirent
Ces amandiers, en blanche floraison,
Pour le renouveau des cœurs austères.

Là où Hatim osa défier les sbires,
Son Dieu la transforma en frondaison
Honorant sa bonté débonnaire.

Amandier, tu grandis tel un Sire
Avec les abeilles en pâmoison
Par ton caractère mellifère.

Le cholestérol tu peux réduire
Si on laisse réagir de tes bourgeons
Le macérat dans les voies biliaires.

Et nos toux quinteuses cessent de nuire
Par tes feuilles ou fleurs en infusion
Pour une voix enfin posée et claire.

***

Appartenance 

 Quand la vie exacerbe le besoin d'appartenance
Au point que défaille la peau dans la résonance
Alors s'évanouissent les bonnes convenances
Et prennent le dessus toutes les impertinences. 

 En quête d'une affinité, d'une consonance
Face à la douleur et sa tranquille lancinance
Dans le cœur et le corps manifestant sa prégnance
L'être en conscience lutte contre ses souvenances
Où le rejet atteint des sommets de culminance
Couronnés de peur, honte ou dégoût en permanence. 

Subjugué dans la paralysie entre abstinence
Et plate soumission à la suprême éminence
L'humain fait l'expérience de l'urgente imminence
À restaurer prévenance et inter-dépendance.

***

Balle au prisonnier

La balle est dans ton camp.
Qu'en feras-tu ?
Feras-tu comme la plupart
Des spiritualisants de tout poil
Prétexter le détachement
pour amorcer un départ
Au lieu de lever le voile
Et regarder tendrement ? 

La balle est dans ton camp.
Qu'en feras-tu ?
Considèreras-tu le lien
À cultiver à protéger
Comme un précieux bien
Un instant par toi négligé
Par inattention ou bien
À dessein mis en danger ? 

La balle est dans ton camp.
Qu'en feras-tu ?
Les mots en un tourbillon
Comme des feuilles arrachées
Au cœur des émotions
Ont fusé dans la lucidité
Sortant de la manipulation. 

La balle est dans ton camp.
Qu'en feras-tu ?
L'utiliseras-tu pour te vexer
De l'injustice des actions
Posées et non reconnues
De la liberté presqu'indexée
Par une sournoise passion
Angoissée dans l'inconnu ? 

La balle est dans ton camp.
Qu'en feras-tu ?
Dans le coeur pourras-tu
Sentir accueillir le désarroi
De l'espoir d'intimité tu
Et enfoui au profond de moi
Qui près de toi avait cru
Se réaliser trouver une voie ? 

La balle est dans ton camp.
Qu'en feras-tu ?
Sera-t-elle cette occasion
D'une croissance nouvelle
Vers un partage de vision
Non plus au futur mais actuelle
Qui nous éloigne de la scission
Nous mène à l'affection mutuelle ?
 

La balle est dans ton camp.
S'il te plaît attrape-la au vol
Non pour foutre le camp
Mais plutôt pour un envol
À deux main dans la main
Dans le pardon des erreurs
De chacun d'ici et demain
Et la douceur du bonheur.    

***

Censure

Enfant, tu criais de ton être les meurtrissures,
Entendues comme du calme la salissure,
Sur tes lèvres tu les as figées aux commissures
Où elles se rident avec du temps la flétrissure.
 
Ton coeur voudrait encore dévoiler ses blessures
Alors tu les craches comme des éclaboussures
Puisque l'art des mots est resté en censure
Et en toi, s'est creusé un abîme, une cassure.
 
Peut-être qu'un jour sous l'effet d'une élargissure
Tu pourras écouter en toi ton âme qui susurre
Comment exprimer colère et hargne sans morsure
Rendant ainsi à chaque pied la bonne chaussure.
 
Simplement, chassant la douleur de la rancissure,
Éclusant la peur qui étale la noircissure
Asséchant par chaleur et douceur les moisissures,
Surgit du fond de soi l'acceptation qui rassure.
 
***

Centre de la croix

Flottement et lassitude.
Survol au-dessus des heures.
Le temps passe, l'eau coule.
Le cœur s'essore, torsion après contorsion.
De boums vibrants en distances opaques.
Les images défilent comme un film déjà vu.
Changer la fin. Changer la fin.
Une nouvelle chance de finir autrement.
Enclencher l'aiguillage.
Prendre l'embranchement.
Au niveau de la croix.
Là au point du milieu.
Prendre l'embranchement.
Le voir venir. Prévenir.
Faire sonner la cloche ou le sifflet.
Locomotive à toute vapeur.
Freiner, ralentir, être attentif.
Passage délicat cet aiguillage.
D'un côté la vie. De l'autre la mort.
D'un côté la mort. De l'autre la vie.
Choisir ce qui vient en premier.
Passage obligatoire. L'une après l'autre.
Mais laquelle en premier ?
Aucune importance.
Maintenant tu es dans le train.
Fallait pas y monter.
Maintenant tu es dans le train.
Fantôme ou terreur.
Le cœur s'essore.
Torsion après contorsion.
Le temps passe. L'eau coule.
Survol au-dessus des heures.
Rester attentif. Guetter le détail.
Il est au centre de la croix.
Le voir à temps pour passer l'aiguillage
et changer de paysage.

***

Chrysanthème de la crise en thème. 

Noble et beau chrysanthème,
Des empires japonais, tu es l'emblème,
Car à l'automne du bonheur tu parsèmes.
Soleil ici dans la brume, ta joie vaut un poème
À l'immortalité dont tu joues le requiem.
De la constance tu es la fleur suprème ;
À la plénitude tu nous invites même,
En infusant en nous un calme extrême
Apaisant les effets de drogues et envies de Bohême.
Mais chut ! gardons le secret comme une gemme
En cette période où le savoir devient problème
Et la confusion une généralisation de système.

*** 

Coeur de petite fleur

Il était une fois un petit coeur de douceur
Tout rond, tout rose, à l’esprit rieur.

Un jour, une grande spirale de bonheur
Vint l’aspirer et le transformer en une fleur
Aux pétales spontanés et au coeur créateur.

Tout près d’elle, un morceau d’elle à peine en fruit,
Encore tout vert, tout tendre, tout juste construit,
Dût partir et s’évanouir dans la nuit
Puis devenir au ciel une étoile qui luit.

Vint l’insecte voltigeur et dévastateur
Qui fit basculer et tourbillonner notre jolie fleur
Au milieu du doute, de la terreur et de la noirceur...
Mais son coeur aimait trop la couleur !

De toutes ses forces de son corps elle usa
Son ami l’arc-en-ciel elle appela
Ses pétales elle transforma
Et sa bonne étoile elle convia.

Alors la petite fleur devint sans plus de heurts
Un soleil rayonnant, inspirant et enchanteur,
Et son coeur de son œil bienveillant et sondeur,
Éclaire la route des enfants candides et rêveurs.

***

Confinement 

Est-ce qu'on nous ment finement
Dans cette histoire de confinement ?
Controverses et questionnements
Soulevés dans un vœu d'alignement
Ou d'équité, exprimé par le mouvement
De quelques gens de discernement,
Suivi de près par le trépignement
De travailleurs voyant le piétinement
De leurs projets de vie dignement
Construits avec force et acharnement,
Bouillonnent sous le bâillonnement.
L'idée des hommes de gouvernement
Est-elle pour le bien de tous vraiment ?
Les positions affirmées bonnement
Et niées également scientifiquement
Créent un fond de doute assurément,
Éveillent les soupçons d'acoquinement
Et de pactes à des cautionnements
Signés à l'insu de tous mesquinement.
Les chiffres dans un foisonnement
Incessant d'annonces aucunement
Filtrées nourrissent l'empoisonnement
Des esprits grisés, saturés vilainement
Par la répétition et le tambourinement.
Sur nos peurs joue-t-on souverainement ?
Alors comment faire quotidiennement
Face à ces mesures de cloisonnement ?
Résister et agir clandestinement ?
Réagir, renverser le conditionnement ?
Se résigner, vivre le déracinement ?
Être solidaire d'un positionnement ?
Celui de l'être ou du prosternement ?
Du passé, des guerres l'enseignement
Peut-il nous reconduire sainement
Vers des valeurs où l'avènement
De l'humain est le cheminement,
Et de la claire lumière l'égrènement.
Est-ce qu'on nous ment finement
Dans cette histoire de confinement ?  

***

Connexion.

Connexion.
Au-delà du temps et de l'absence.
Connexion.
Entre les battements dans le silence.
Connexion
Au centre qui vibre et s'expanse.
Enveloppe
Douceur, fraîcheur et espace.
Enveloppe
Regard, fondement et présence.
Enveloppe
Tendresse paisible et patience.
Union
Partage des visions, considération
Union
Regards croisés, construction
Union
Caresse, respect de la vibration.
Rencontre à l'extérieur
Alliance à l'intérieur
Couple de forces
Complémentaires
Cœurs solidaires
Corps solitaires.  

***

Coquillage et crustacé
 

Un soir au début de l'été
Coquillage et crustacé
Sur la roche tout deux installés
À la veille des vacances
Une histoire commençait
Et je suis triste quand je pense
À tout le mal qu'elle m'a fait 

Pourtant je sais bien qu'un jour prochain
Tout refleurira laissant dans le lointain
Douleurs, peines, plaintes et chagrin
Essaimés en moi par ce vaurien. 

À ma gauche sûr tu te tenais
Preste, séduisant, séducteur
Des mots mielleux tu susurrais
Me trouver craquante tu disais
Mais d'une seule chose tu rêvais
Toi qui sur les femmes ne savais
Que craquer, petit macho abuseur. 

Malgré les ans et les kilomètres
Le souvenir par bribes fait surface
Dans tout l'espace de mon être
Alors je prie Dieu pour qu'il s'efface 

Peut-être au nouvel été
Toutes sensations oubliées
Je pourrai me laisser approcher
Sans me sentir comme un crustacé
Sur le point d'être dévoré
Et accepter d'être touchée
Frôlée tendrement caressée
Sans me retrancher dans un ailleurs
Illusoire aux horizons faux-soyeurs.
Accepter d'être touchée
Avec respect et avec coeur.

***

De concert avec l'oiseau

La blancheur du jour laiteuse
Transperce la couche nuageuse.

Sur fond de grillons chantants
Un oiseau pépie seul à tue-tête.

Il s'époumone là tout près
Sur l'arbre dans le fourré d'à-côté.

Seul l'écho des grillons imperturbables
Semble répondre à sa rengaine.

Au ciel se déchire le voile cotonneux
Dans une lente inertie de peu à peu.

Une autre voix, une mélodie, de sa couleur
Vient enrober l'appel strident de douleur.

Intense d'abord il s'apaise pour mon bonheur
Se mêlant à un gazouillis rond de douceur.

Ils conversent enfin dans les lueurs
Nuancées d'un nouveau matin rêveur.

Tisse ta toile, tisse ta toile,
À l'intérieur
Suis ton étoile, suis ton étoile,
Pour le meilleur
Ôte les voiles, ôte les voiles,
Fais confiance à ton cœur.

Les oiseaux chantent en concert
Accueillant cette aube de lumière.

***

Dédale et Icare

Je t'ai perdu.
Oui.
Je t'ai perdu parce que je n'ai pas voulu te gagner.
Je t'ai perdu parce que je t'ai laissé aller. Je t'ai dit "Va".
Je t'ai perdu ce jour où tu t'es tourné vers ton avenir.
Et j'ai tenté de t'y suivre.
Je t'ai perdu aussi ce jour où tu t'es tourné vers ton passé.
Et j'ai tenté de t'en détourner.
Je t'ai perdu cette fois où malgré moi la vie est passée à travers moi.
Et j'ai tenté de rester auprès de toi.
Je t'ai perdu cette nuit où la mort s'est installée en moi.
Et je me suis accrochée à d'autres que toi.
Oui.
Je t'ai perdu tellement de fois en prenant le risque de me perdre moi.
Aujourd'hui je suis perdue. Mais pas ma peine. Elle me conduit au travers de mes dédales vers Icare.

***
Deux chouettes dans la nuit

Dans la nuit
Une chouette
Hulule
Un son doux
Légèrement aigu
Un peu plaintif
Elle lance un appel
Y'a qqn ?
Y'a qqn ?
Dans la nuit
Une autre chouette
Hulule
Un son doux
Plus grave et rocailleux
Comme un roucoulement
Elle répond
Je suis là
Je suis là
Dans la nuit
Deux chouettes
Hululent
Un son doux
Comme une berceuse
Pour le cœur
Ensemble
Elles s'entendent
Sans se voir
D'un arbre à l'autre
Elles se font signe
Dans l'espoir
D'une prochaine nuit
Pour se voir

***

Écorchure

Dans cette course oû le monde s'effrène
Sourd au coeur qui bat à perdre haleine
Il est des âmes fragiles presque schizophrènes
Qui rêvent d'une unité et un paradis sans peine
Dans le chaos et le tumulte des angoisses
Le corps s'épuise à lutter contre la poisse
Dans un corset de chair oû la vie se casse
La joie et le mouvement trépassent
Rester dans une fluidité douce et sereine
Est un pari une gageure pour rester saine
D'esprit dans le flot des désirs incompris
Et la quête d'une paix qui n'a pas de prix.

***

Émancipation

La douleur de la matrice
Nous conduit à la naissance
Et elle parfois au sacrifice.

Dans le giron avec délice
Nous grandissons en coulisse,
Pourtant des drames s'y tissent

Le clan en tire bénéfice
L'être vit lié au supplice
Ignorant le maléfice

Un jour à l'instant propice
Du noir tréfonds des abysses
Au  hasard de la malice

La note du préjudice
Devient émancipatrice
Niant du sort les caprices

Une force médiatrice
Émerge, réparatrice
Des plaies et des cicatrices

La puissance créatrice
S'éveille et offre l'esquisse
De la vie et la joie complices.

***

Emprise
 

Quand ce qui était autrefois une épaule
Devient aujourd'hui instigateur de contrôle
Qu'il soit patron, conjoint, état, agent de geôle,
Son instrument est la peur et la gaule.

Sa vision ne tend que vers un pôle
Et si tu t'y soustrais, tu risques la taule,
Quand tu manques de t'enfuir, il t'enjôle
Jusqu'à ce que de nouveau il t'enrôle.

À rester dans ce système, la mort tu frôles,
Alors ne te laisses pas entourer de tôles,
Ose t'affirmer et sortir de ta piaule,
Dehors la vie peut-être joyeuse et drôle.

Unis-toi aux chants negro-spiritual,
Esquive et mets des paniers au basket-ball,
Défoule-toi en tapant dans le puching-ball,
Dévoile ton art sur la scène du music-hall.

Bientôt tes yeux tu pourras orner de khôl
Te réjouir dans la réalisation de tes goals
Savourer la détente à l'abri d'un saule
Et dans l'onde du flow, nager le crawl.

***

Engagement 

Engagement
Promesse
Parole donnée 

Tu avais dit et tu n'as pas fait.
Je t'ai cru et je m'en suis voulue
La vie a ouvert une porte
Mon cœur s'est fendu
La corde a lâché
Le tic-tac s'est arrêté 

Engagement
Promesse
Parole donnée
Petit refrain chantonné 

Comme une leçon à apprendre
Par cœur et dans la douleur
Ton air revient dans l'air présent
Affiché au coin du tableau
Comme un ironique panneau 

Désaveu et retrait
Juré pas craché
Doigts croisés  

Une chance peut-être
Découvrir dans les secrets
Les sombres cachots de l'oubli
Les silences qui emmurent
Une porte qui s'ouvre
Un nouveau lien qui retient
L'amour d'un cœur serein 

Mots qui pèsent
Le pour et le contre
Dialogue entendu
Choix et décisions
Qui se remettent au passé et au présent
En sincère question
Pour un futur honnête
Toujours plus doux,
Aimant et apaisant. 

Lever les voiles
Partir à l'aventure
De l'entente mature
Au milieu des étoiles
Qui pétillent au coeur
Des yeux francs et rieurs.

***

Fermouverture

Est-ce notre essence cette fermouverture
Comme une articulation dans notre ossature
Un double et fluide mouvement dans la posture
Créant constamment du cercle la quadrature ?

Notre coeur de nos émotions la sépulture
Reçoit, rejette le sang sa nourriture
Héritée qu'il transmet à sa progéniture.
Lui appartient de s'y ajuster en tessiture.

Nos tripes de l'instinct terrien l'investiture
Nous retiennent ou nous lancent dans l'aventure
De l'action levant le masque de l'imposture ;
Alors la vérité devient architecture.

Notre esprit capte et met les idées en culture,
La critique pile les graines en mouture ;
Se sauvent celles qui ayant forte nature
Offrent des perspectives dignes et matures.

Essentielle est-elle cette fermouverture ?
Les contractions et contradictions qui triturent
Au fond de la matrice vers la déchirure
Poussent à la vie de nouvelles créatures.
 
***
Force, Santé et Bonne Veine
 
Que Strenia vous garde, et vous porte aubaine !
 
Que ce soit à Noël ou en guise d'étrenne,
Offrez comme en Gaule ou à l'époque romaine,
Un gage de force, santé et bonne veine,
À l'instar du gui ou bien de la verveine,
Cueillie au bois de la déesse païenne.
 
Que Strenia vous garde, et vous porte aubaine !
 
Verveine, modère les obstinations vaines,
Fais que fondent les perspectives anciennes,
Tout autant que les ambiances anxiogènes.
Philtre d'Amour, éloigne les quarantaines,
Ouvre des espaces accueillants et amènes.

Que Strenia vous garde, et vous porte aubaine !
 
Herbe sacrée des sorcières écrivaines,
Que les douleurs passent à l'arrière-scène,
"Être plutôt que faire" livré à l'antenne,
Liberté intérieure, notre capitaine,
Oeuvre au meilleur, et à la joie concitoyenne !

Que Strenia vous garde, et vous porte aubaine !

***

Forge 

Cœur de braise
Pierre chauffée à blanc
Tisonnée par une main mystérieuse
La pique rougoie et transperce
Étincelles dans le noir de l'âtre
La pique s'acharne encore et encore
La braise résiste et crisse
Un souffle de répit
Et la chaleur augmente de plus belle
Le tison revient à la charge
Il tourne et retourne la braise
L'éloignant de la cendre froide
Elle roule et s'entrechoque
Aux autres braises éteintes malgré elle
Elle est là et elle roule
Au centre de la forge
Le souffle active le feu
Bientôt elle s'enflamme
Une nuée jaune orangée
S'élève au-dessus d'elle
Les coups de marteau reprennent
L'acier prend forme
Le cheval sera ferré
La braise se consume
La nuée jaune orangée disparaît
La fumée noire s'élève
L'acier est trempé
Le cheval hennit
Il est ferré
Ses pieds, protégés.

***
Gentil Coq'licot Mesdames

Ell’ s’envola un beau matin (bis)
Le cœur léger et d’amour tout plein.
Gentil coq’licot, Mesdames, gentil coq’licot nouveau.

Le cœur léger, d’amour tout plein, (bis)
Elle offrit l’art né de ses mains :
Gentil coq’licot, Mesdames, Gentil coq’licot nouveau.

Elle offrit l’art né de ses mains, (bis)
Malgré les jours plus qu’incertains :
Gentil coq’licot, Mesdames. Gentil coq’licot nouveau.

Malgré les jours plus qu’incertains, (bis)
Les ennemis elle convainct :
Gentil coq’licot, Mesdames. Gentil coq’licot nouveau.

Les ennemis elle convainct, (bis)
D’accepter tous de s’aimer bien :
Gentil coq’licot, Mesdames.Gentil coq’licot nouveau.

D’accepter tous de s’aimer bien, (bis)
Et que la guerre se fait en vain :
Gentil coq’licot, Mesdames. Gentil coq’licot nouveau.

Et que la guerre se fait en vain, (bis)
Car nous sommes tous un peu frangins :
Gentil coq’licot, Mesdames. Gentil coq’licot nouveau.

Car nous sommes tous un peu frangins, (bis)
Pour notre Mère, nous sommes les siens :
Gentil coq’licot, Mesdames. Gentil coq’licot nouveau.

***

Houx
 

Au terme de toutes ces longues nuits où le hibou
A vu la lune caresser le soleil son époux,
La lutte entre les deux chevaliers du chêne et du houx
Voit renaître le jour jusqu'au printemps et son redoux.

Béni par Marie car il a protégé du courroux
De Hérode son enfant pourchassé par les voyoux,
Cet arbuste dont les feuilles apaisent la toux
N'a rien à envier à la silice du bambou

Pour calmer la douleur, et cicatriser tel l'amadou
Les plaies de l'âme et les rages du coeur ; car il absout
Par le rouge sang de ses baies ceux qui ont rendez-vous

Avec la mort comme le fut le Christ avec ses clous
Et redonne force, vigueur et foi dans le Grand Tout
Lorsque pour la vie et la santé il joue comme un atout.

 ***

Incarnation

Spirale infinie et plongeon dans le trou noir
Adieu la douceur et la lumière d'un soir
Qui pourtant avaient empli le cœur d'espoir
Étoile filant trop tôt laissant sans le savoir
Derrière toi vers la vie un si étroit couloir.

Plus qu'un creuset tel un hachoir
Le vide est venu prendre place, s'asseoir
Entre les vivants et le lien a fait déchoir.
Chacun happé dans son propre laminoir
Aveuglé tâtonne pour ouvrir le mouchoir
Couvrant la peine servant d'étouffoir.

Dans la nuit le lampadaire rend blafard
Le mur blanc qui comme un écran happe le regard
Vers la pluie chantant dans la nuit
À tue-tête son refrain "pardonne et oublie "
Oublie les théories, les théorèmes et les théologies
Oublie les idées, les idéaux, et les idéologies
Laisse ton corps et ton cœur être traversés, malaxés, déchirés
Par la puissante main de ce machin
Que certains nomment Dieu et d'autres destin
Apprends simplement à vivre l'humain
Dans la tendresse et l'Amour souverain.

Dans la nuit le lampadaire rend blafard
Le mur blanc qui comme un écran
Laisse voguer le regard perdu ou hagard
Entre les mots et les notes d'un chant
Par les gouttes de pluie murmurant
L'attendue rencontre du ciel offrant
À la terre assoiffée dans sa nudité
La voie de sa plénitude et fécondité.

***
Magnolia for ever

Des magnolias par centaines
Des magnolias comme autrefois


Une des premières sur la Terre
Il y a 100 millions d’années
En perpétuelle évolution
Tu survis avec grâce et volupté.

Des magnolias par centaines
Des magnolias comme autrefois

Connu du Groënland à l’Asie
Puis en Europe rebaptisé
Tu inspires force et dignité,
Offrant beauté et pureté.

Des magnolias par centaines
Des magnolias comme autrefois

Pour traverser les âges sans rides
Et apprendre à goûter
La douceur de la vie
Et le parfum du temps qui passe

Des magnolias par centaines
Des magnolias comme autrefois

Du bourgeon à l’écorce
Tu transmets la vitalité
Donnant la sensation de plein
Au corps qui a trop faim,
Et à l’âme nostalgique hantée
par une trop sombre quête.

Des magnolias par centaines
Des magnolias comme autrefois

***

Narcisse

Corolle ensoleillée, tu annonces le printemps
Dans le frimas de l’hiver avec joie offrant
Un éclair de lumière, chaleureusement.

Dans les contrées lointaines de l’Extrême Orient,
Ta touche veloutée et ton parfum envoûtant
Évoquent l’amour fou et son charme puissant.

Aux pieds des Émirs, tes pétales s’inclinant
vers la terre, tels d’humbles serviteurs donnant
le meilleur, t’accordèrent un nom inspirant.

Ailleurs, ton or s’est multiplié honorant
D’Alma, le pas à pas patient, persévérant,
Sa foi dans un bel avenir investissant.

Ton bulbe mêlé au miel, des Anciens est l’onguent
Des brûlures, abcès, douleurs de ligaments.
Tes fleurs aux bienfaits reconnus tardivement
D’asthme, coqueluche et nerfs furent un calmant.
 
Et maintenant... au règne des médicaments...


De plante galante à granules soulageant
Le port de tête ; à galantamine éveillant
La mémoire, tu secours les cheveux d’argent.

***

Novembre émerge...

Novembre émerge dans la porosité
Entre les mondes ; la luminosité
Des bougies, les vœux en religiosité
Adressés avec impétuosité
Aux ancêtres dans l'au-delà visités. 

Rituels ignorés ou bien usités
Pour solliciter la générosité
Des aïeux sortis de la morosité
De leurs destins empreints de viscosité 

Pour qu'au présent avec curiosité
Nous les percevions hors nébulosité
Et apprenions de leur somptuosité
Abandonnant enfin nos rugosités. 

Célébrons donc sans plus de nervosité
La mort qui loin de la monstruosité
Offre à la sagesse sa virtuosité
Et confère à la vie sa préciosité. 

***

Nuit paisible

Nuit paisible
Nuit de silence
L'ovale de la lune luit
Comme ouvrant un tunnel
Dans l'obscurité du ciel
Invitant à se plonger en elle,
À partir dans le parallèle. 

Les étoiles scintillent
Phares pulsatiles
Comme des cœurs d'anges
Éthers volatils
Les nuages en barrière
Écument l'horizon
De leur mousse claire
Sur une statique terre

Le vieillard tousse
Le voisin fume
Le chien aboie
Dans la nuit paisible
La nuit de silence
La réverbère mordore
Les feuilles de l'arbre
Le fêtard déboule
En rythme bruyant
Le bosseur démarre
Moto pétaradant.

La lune décline
Elle a le sommeil
Que je guette
Et part se cachant
Derrière la silhouette
Assombrie des bâtiments.

Nuit paisible
Nuit de silence
À l'intérieur le Rêve
Prend consistance
L'être voyage flottant
Dans la distance
Et même dans le temps
Rejoignant dans l'espace
Sa famille de communion
Avec joie et espérance
Qu'adviennent pour nous
La douceur et la patience
Et nous réunir enfin
Dans le quotidien.

Nuit paisible
Nuit de silence.

***

Ode au scarabée

Petit scarabée
Contre la vitre tu vrombissais
Dans la nuit déjà avancée
À la lumière tu réagissais. 

Petit scarabée
Ailes agitées, élytres soulevées,
Avec force à la porte tu cognais
Comme appelant une vie rêvée
Intriguée de cette insistance renouvelée
J'ai ouvert, t'ai découvert et observé
Sur ma main tu as chuté, pattes emmêlées
Tu t'es recroquevillé dérouté, énervé. 

Ta carapace douce lisse et striée,
Quelques caresses a apprécié
Tes fines pattes de coléoptère
Sur mes doigts ont trouvé une terre
Tes commensaux ont surgi
De sous ta carapace assagie
Tes antennes ensuite déployées
L'inconnu au-devant ont balayé 


Et puis la lumière une autre fois
T'as attiré comme autrefois
Joyeux tes élytres tu as relevé
Tes ailes ton poids ont soulevé
Tu t'es envolé tout droit là haut
Et le mur tu as heurté de ton dos.
 

À terre étourdi je t'ai recueilli
Le cœur pour toi en bouillie
Que ton rêve t'ait encore failli
Du même élan qu'il avait jailli 

Petit scarabée
Je te rends à la douceur de la nuit
Protège ta vie sous la lune qui luit
Garde en toi l'espoir d'une autre vie
Quand la lumière en aura envie
Tu pourras vivre en elle réjouie
Que tu honores sa lueur infinie.

***

Omnipotence

La vengeance n'a d'autre rime
Que l'impuissance qui supprime
L'art de la décence ; elle opprime
À l'arrogance aidant la frime,
La décadence. Elle envenime
L'éloquence et l'envie décime
De concordance. L'âme elle grime
De suffisance et la comprime
Dans le silence sans estime.
La manigance même infime
Dans l'évidence clarissime
Noie la congruence et le mime
De l'offense pare en victime
L'intransigeance alors qu'elle brime
La croissance qui légitime
Une ascendance magnanime.
Une audience pusillanime
De la médisance élime
Les mots et sentences ultimes ;
Avec patience tous ces crimes
De délinquance où s'abîme
La souffrance, elle les imprime
En résistance où elle déprime. 

***

 Paix du dimanche

Au bout de la tranquille lenteur du dimanche
Vient l'horizon de la semaine et son avalanche
De course, stress ou soucis prenant revanche
Sur cette pause où le cortisol débranche.
Garder en bouche la saveur du gâteau en tranche
Ou sur la peau l'ivresse de la glisse sur planche
Ou dans le cœur l'accueil de l'arbre dans ses branches
Pour que de l'âme la soif de vie s'étanche
Dans un quotidien où la rentabilité retranche
Aux hommes leur intériorité alors qu'elle enclenche
Solidarité et paix afin que la joie s'épanche
Et nul ne finisse dans la rue à faire la manche.

***
Pas dans mon corps

Je n'étais pas dans mon corps
Non
J'étais autour de lui
À guetter le moindre signe
Le moindre geste
Qui aurait pu ressembler
À ce basculement si spécial
Vers la prise de possession

Je n'étais pas dans mon corps
Non
J'étais autour de lui.
À ressentir ce que cela faisait
D'être entourée parce que l'autre
En a envie et qu'on a dit oui.

Je n'étais pas dans mon corps
Non
J'étais autour de lui.
À me rassurer me dire
Tu as l'air d'être en sécurité
Bien que tu n'avais pas envie
De te retrouver dans ces draps.

Je n'étais pas dans mon corps
Non
Tu sembles en avoir été frustré
Parce que tu attendais en retour
Une ouverture
Un signe que tu avais bien fait
Qu'il pouvait y avoir
Du répondant

Je n'étais pas dans mon corps
Non
P-ê n'y serais-je jamais
P-ê y serais-je un jour
Tout le temps
Ou par moment
Quand je saurai me protéger
De mes faiblesses
À l'emprise
La soumission
La sidération
L'obtempération
Et que je saurai
Défendre mon Non.

***

Petite fille aux allumettes 

Le chuchotement de la chouette chuinte dans la nuit noire.
Le charivari des chiens chahute le croissant de lune.
Loin de battre la chamade, le cœur se déchire dans l'obscurité.
Les cheminées des chaumières charrient les fins filets de fumées.
Cherche en toi le chemin et sors du chagrin !

Petite-fille aux allumettes réchauffe-toi,
Cesse de céder ta lumière aux esprits narquois.
Petite-fille aux allumettes réchauffe-toi,
Réveille-toi, relève-toi, fais feu de tout bois. 

Les chauves-souris chassent au plus près de la charpente chevillée.
La chenille chevauche la branche du chêne que tu chéris.
La chance chavire à l'approche de la chevelure de l'étoile qui file.
Les chamailleries te chamboulent ; tu chancèles face au changement. 

Petite-fille aux allumettes, rêve lucidement,
Éclaire ta route d'un ferme discernement.
Petite fille aux allumettes, rêve lucidement,
Face à la mort, accepte de la vie le revirement.

***

Petite grammaire incestuelle 

Suis-je sujet ou objet ?
Quelle place ai-je ?
Avant ou après le verbe ?
Dois-je porter la parole ou la subir ? 

Suis-je sujet ou objet ?
Quel est mon pouvoir dans la réalisation de l'action ?
Est-ce que directement je la suggère et la personnifie ?
Ou dois-je faire avec ce qui m'est appliqué ? 

Suis-je sujet ou objet ?
Quelle est ma fonction ?
Celle d'être écoutée, respectée et aimée ?
Ou celle d'être rejetée au rang de complément ?

Suis-je sujet ou objet ?
Ou bien simplement attribut,
À la suite d'un verbe copulatif,
Comme l'extension d'un autre sujet ? 

*** 

Pince Mie, pince Té

Avec un tel contexte en économie
Question cruciale devient l'autonomie ;
Bon nombre confrontés à l'adversité
Vont forger de nouvelles capacités.
 

Certains donnant crédit à l'astrologie
Guetteront la mondiale dichotomie ;
D'autres loin de la caustique cécité
Iront chemin de la générosité.  

Si l'humain retrouve de la bonhommie
Son cœur durci changera d'anatomie
En souplesse il vivra l'authenticité
Le faisant grandir dans la simplicité.

Souvenons-nous : "Pince-mie et Pince-té
Ont laissé entrer la morosité
Pince-mie s'est perdu dans l'opacité
En force revint la félicité."

 

***

Prix de la reliance


Le prix de la reliance, au-delà de la distance
Et des nuages de silence, supporter l'absence
Le futur en dormance, les envies en latence
Garder la confiance au fil de l'expérience
Dans la constance, juguler la peur et sa violence
Alors que la vie sans assurance sûrement avance
Pendant que les forces se condensent
Dans les mouvements de conscience
Où l'énergie se consume et se dépense
Dans la surprenante résurgence
D'amères et vieilles rémanences
En chemin vers une nouvelle jouissance
Accepter le non-sens et se sentir en partance.

***

Puissance d'une lettre 

L'espace d'une lettre
Et tout peut basculer
La joie change de voie
Quand tu découvres
Qu'au lieu de t'aimer
On s'assure de t'aider 

L'espace d'une lettre
Et tout peut basculer
Le besoin de sauver
Louable a fait sauter
Le verrou du seul jeu
Où l'on gagne si peu 

 L'espace d'une lettre
Et tout peut basculer
En silence dans la fuite
Impossible toute suite
Les mots couchés à lire
Tuent l'envie de se dire 

L'espace d'une lettre
Et tout peut basculer
L'endroit sacré du lien
Devient le lieu du rien
Où ce qui rime avec foi
Est revenir à soi sans toi  

L'espace d'une lettre
Et tout peut basculer.

***
Réassurance
 


Quand l'inquiétude appelle la réassurance
Intense et vaste est l'angoisse face aux carences
La confusion envahissant la cohérence
Car du réel le regard perd la référence
S'égarant entre péril et peur en errance.

Simple évasivité ou lâche indifférence,
Absence de réponse, tact ou déférence,
Du cruel abandon réveillent la souffrance
Réduisant au néant du contact l'espérance.

Parier sur le silence ou l'intempérance
Pour couper court aux tentatives d'ingérence
De la relation supprime la transparence
Et fait le lit de la sournoise irrévérence.

Définir l'inconnu, sortir de l'ignorance
Poser des limites claires aux apparences
Anihile les envies de persévérance
Panse la plaie sanglante de l'intolérance
Met hors combat la dureté des remontrances
Cède enfin la place à la patiente confiance.

***

Résilience

Quand le goût de vivre devient trop acide
Et que l'envie d'ailleurs te mène vers le suicide
Respire, inspire, retiens l'air et plonge dans le vide
Car dépassant la peur par ce saut intrépide
Peut-être pourras-tu voir cette bobine qui se dévide
De ces liens qui te maintiennent rigide
Dans le corps et le cœur confus et avide. 

Quand le goût de vivre devient trop acide,
Car la vision de l'humain qui trucide
Ses semblables dans les génocides,
Ou mutile sa part de complétude lucide
Tuant l'homme ou la femme qui hybride
Pourtant son identité vivante et fluide,
Remonte la rivière du temps limpide
Appelle les ancêtres au visage livide
Reçois leur amour et leur paix en guide. 


Quand le goût de vivre devient trop acide,
Que dans les choix, ce n'est plus toi qui décide,
Qu'à force de questions tu te sens stupide,
Que l'air de la soumission devient fétide,
Vois le contrat de duperie candide
Où le besoin d'être aimé a joué perfide
Contre toi qui te retrouves impavide.
Élance-toi dans la reconquête splendide
De tes sens et ton instinct sûr et solide
Qui te préserve des attaques liberticides 
Et te mène vers la transparence translucide
De la joie douce et chaude comme l'or liquide.  

 

*** 

Saltimbanque funambule

Sur son fil, le saltimbanque
Du coeur y a fait le branque.
À l'appel, bien sûr, il manque
De tomber, donc il se planque.
Son trésor, celé en banque
Aussi sûr qu'en zone franque
Ou noyé au fond des calanques,
N'est rien d'autre que la croix d'Ankh
Qu'autour du cou il se flanque
Lorsque par vaux et calanques
Il part jouer à la blanque.
 
*** 

Si j’étais un homme…

 Si j’étais un homme…

Je pourrais sortir des chiottes,
braguette ouverte, la bite à l’air et sans gêne,

Je pourrais pisser debout dans la rue,
dans tous les coins, sans honte même si ça pue,

Je pourrais roter pendant le repas
sans qu’on me crie dessus,

Je pourrais ouvrir les conserves
avec un seul doigt et pas celui qu’on croit

Je pourrais interdire à ma femme de conduire,
pour pas que la mort m’attende au tournant,

Je pourrais séduire les minettes puis les balancer
après avoir pris mon pied en les sautant
et leur crachant dessus,

Je pourrais avoir la gueule qui pue la tabac,
Et la tignasse enduite de gomina

Je pourrais me vanter d’avoir des poils
aux jambes, au cul et aux dessous de bras,

Je pourrais vociférer « Ta gueule, tu m’fais chier »
Et faire un bras d’honneur à mon patron,

Je pourrais partir de la maison
sans donner d’explication,
et y revenir sans rien dire,

Je pourrais faire des enfants partout
que ça se verrait pas
et sans avoir même besoin d’avorter,

Je pourrais m’habiller sexy
avec un Marcel hideux et un pantalon crasseux

Je pourrais être le héros qui sauve les princesses
Et puis à sa botte les enchaîne…

 Mais est-ce que j’aimerais être un homme…
Je ne sais pas
Et s’il existe d’autres hommes,
Pourquoi je ne les vois pas ?

***

 

 Soutien salvateur

Il est des mots qui perdent leur puissance
Dès lors qu'ils sont usés en des circonstances
Ou l'intention quoi que bonne est inconsciente
De l'impact sur autrui et des conséquences

Si un jour admettons qu'on propose de l'aide
Vérifions que la proposition ne dépossède
En rien de ses moyens celui à qui l'on concède
Force, habileté, participation ou autre remède

Car par seul souci d'aimable bienséance
L'un peut de l'autre mettre en évidence
L'incapacité, la honte de l'incompétence
Et empocher quant à lui prestige et prestance

Qui face à l'insistance de bon secours cède
Devra peut-être affronter celui qui excède
En zèle et trouver l'aplomb qui intercède
Pour que la fierté au rabaissement succède.

Préservant respect et intégrité, d'assistance
Garantit le soutien, l'affection, la présence
Soulage de la pression, évite les jeux d'influence
Accorde de l'attention et offre la congruence.

Il est des mots qui ont le goût de récompense
Touchant le cœur alors ils possèdent
Le pouvoir de sauver de la distance
Car la cause de l'amour ils plaident. 

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Story Movie

Le frigo ronronne
Le chat ronchonne
Je suis une intruse dans la nuit.
Les moustiques picotent
La lune des nuages a la cote
Je rêvasse dans la nuit
Les pensées divaguent
Et le cœur faisant naufrage
Cherche un doux rivage
Où enlever la pointe des dagues
Des douleurs qui font rage
Et des peurs que la noirceur tagge
M'excluant démunie à la marge.

La lune joue à cache-cache
L'ombre des arbres se détache
Soupir de l'être perplexe
Dans un monde trop complexe
L'illusion de la lumière
Met sur les uns des oeillères
Le réalisme pragmatique
Crée ailleurs la futilité pratique
Trouver de vivre l'envie :
Le pari d'une story movie
Où j'ignore qui écrit le script
De la découverte des cryptes.
Et où je joue le mauvais rôle
De ceux qui sont en tôle.

***

Vide de Narcisse

Il est de ces rencontres salvatrices
Qui soudain font entrer en lice
Le désir, le cœur, le lien et le vice.

L'escalade de la raison dévisse
Et chute dans le vide de Narcisse ;
L'être morcelé est mis au supplice. 
 
Les questions obscures pour le novice
Finissent par démanteler la malice
Et reconstruire l'entente complice 
 
La sagesse depuis les coulisses
Aide à lever le voile dans l'exercice ;
La vérité apparaît telle une nourrice. 
 
Rien à faire pour être aimée ; tel est le délice !
Après tant d'années perdue dans les caprices
De l'insidieux désert affectif pétri d'avarice. 
 
Soulagement, paix et joie libératrice !
Finies les guerres manipulatrices !
Le cœur s'ouvre enfin à l'amour et au service.   

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Variation en chamane mineure

Lachamanisette
Se rafraîchit, se désaltère malgré la disette
Lachamaniseuse
Se cherche se perd se trouve douce rêveuse
Lachamadiseuse
De bonne aventure avec ses cartes hasardeuses
Lachamaliseuse
entre les lignes de la main, des bouquins, d'une destinée plus heureuse
Lachamalanuit
Dans l'obscurité au ciel elle se confie
Lachamalavie
Entre peur et foi avance souriante à la vie
Lachamalajoie
Éclate de rire espiègle coquine hors la loi
Lachamanettoie
du vent du balai chaudron et rond de bois
Lachamanétoile
tisse les liens lève les voiles
Lachamanenvoie dans la spirale elle tournoie
Lachamanentoi s'éveille en miroir de moi
Lachamanensoie en douceur en amour se déploie.