lundi 23 novembre 2020

Histoires instantanées

 

Assoiffés dans le désert 

Il était une fois un vieux cow boy qui revenait de son expédition avec son collègue blessé.
Tous deux traversaient une portion du grand désert de l'Arizona. Le compagnon était bien mal en point et ne tenait plus sur son cheval. Presque inconscient, il était étendu sur sa monture et à chaque pas exhalait de sa bouche un râle inquiétant. Le cow-boy devait trouver de quoi hydrater son compère au plus vite. 

Là, il trouva un cactus. En en tranchant une lamelle, il put en humecter les lèvres de son ami et presser un peu de pulpe dans sa bouche. Bientôt, ils arrivèrent près du cours d'une rivière . Elle était plus caillouteuse que ruisselante mais un fin filet d'eau se faufilait entre les galets. Le cow-boy à grand peine fit descendre son compère de cheval et le portant sur son dos, le conduisit près de la rivière. Il l'y déchaussa et laissa le filet d'eau couler le long de ses orteils et de ses chevilles. Patiemment, il recueillait un peu d'eau dans ses paumes de main et mouillait les tempes et la nuque du blessé. Il déchira des pans de son pantalon et les réduisit en lanières. Il les plongea dans le ruisseau et les gardant les plus humides possibles les enroula et les serra dans ses sacoches. Il remplit tant bien que mal sa gourde. Épuisé, lui aussi confia un moment ses pieds au filet d'eau. Sa vue commençait à se troubler ; la sueur coulait sur son visage ; ils ne pouvaient rester là plus longtemps. À grand peine, il remis son collègue en selle et ils reprirent leur route. 

L'ami divaguait plus ou moins et ne pouvait boire sans recracher ni s'étouffer. Alors le cow-boy qui s'affaiblissait de plus en plus, courageusement, prenait petit à petit dans sa sacoche les compresses qu'il avait préparées et en entourait la tête du presque moribond. Lui remettant le chapeau sur la tête, il lui marmonnait "Tiens bon vieux, on va s'en sortir". Et déterminé, il reprenait sa route. 

Les chevaux commençaient eux aussi à renâcler et à baver. La tête du cow-boy dodelinait de plus en plus ; il fut à deux doigts de tomber si les rênes et les étriers ne l'avaient pas entravé. Mais il continuait à accompagner son ami vers la vie. Il s'en remettait de plus en plus à Dieu, aux Esprits des Sauvages même, qui sait, toute aide est bonne à prendre. 

Soudain au loin, des silhouettes et des tourbillons de poussière.... Fou d'espoir il se mit à crier, s'empara de son colt et tira en l'air...

mardi 3 novembre 2020

Grammaire de l'imagination... Jeux de style selon Gianni Rodari (8)

JEU 8.
 

Choisissez un mot.
À partir de ce mot, établissez 2 listes sélectives opposées ou complémentaires et faites votre composition.
J'ai choisi le mot "Chut!"
J'ai établi une liste de mots "bruit" et une autre de mots "silence".
Le texte qui est venu s'articule ainsi autour de plusieurs onomatopées.

 "Et vlan ! Prends ça ! Bim ! Et encore ça ! Paf ! Je t'aurai ! J'aurai ta peau ! Boum ! C'est fini, tu entends ? C'est fi-ni. FIINIIIIII !!" hurla-t-elle.
Elle se réveilla en sursaut, en sueur, le cœur haletant. L'ombre s'était envolée. Dissoute. Désagrégée, dans la nuit vaporeuse de ses rêves embourbés. Autour d'elle, plus rien. L'espace. Le néant. Ou presque.

BzzzzBzzz... une mouche emprisonnée derrière le rideau contre le carreau cherchait à fuir. Tic-tac TicTac Glong... l'horloge à balancier battait le temps de sa mesure cadencée. RonRon RonRon... le chat enroulé sur le coussin blotti dans le fauteuil ronflait apaisé, le museau alangui sur son flanc. FlicFloc FlicFloc... dehors la pluie clapotait tranquillement contre les volets.
 

 Elle reprit ses esprits, s'essuya le visage du revers de la main, caressa ses cheveux du bout de ses doigts. "Encore ce cauchemar" pensa-t-elle. Elle soupira, se recroquevilla sous les draps, et la tête s'alourdissant sur l'oreiller, elle commença à chantonner à l'intérieur d'elle : "Dors, bébé, dors. Dors, il pleut dehors. Dors, bébé, dors." Elle s'endormit bientôt.
 

VroumVroum... faisait son scooter qui roulait à vive allure dans les rues de sa ville. TocToc... et elle sauta au cou de son ami, l'entourant de ses bras. "Enfin là!" Ils rirent ensemble. "Allez, viens!". ClicClac ClicClac... Leurs tongs marquaient le rythme de leurs pas insouciants sur le bord de la piscine. Ils chahutaient, ils dansaient, ils riaient, ils se bousculaient.
 

 Zip. Bang. Plouf. Elle glissa, dérapa. Sa tête heurta le rebord. Son corps sombra tout droit vers le fond. Driiiing Driiiing Driiiiing. ... "Putain ! Répondez !" "Allô ! Marins Pompiers j'écoute" PimponPimpon.... "Enfin les secours arrivent ! Tiens bon ! Tiens bon !" Il lui serrait la main. Elle était là inerte, blême et ruisselante, à peine couverte d'une serviette. "Par ici, par ici" cria-t-il. Il s'écarta pour laisser la place à l'équipe médicale.
 

TapTapTap... "Mademoiselle, vous m'entendez ?" TapTapTap... "Sors le matériel, vite !" Le médecin plaça les électrodes, régla la machine. Piiiiiiiiiiiiiiiii Psst' "Vous m'entendez? Elle ouvrit les yeux. Près du lit d'hôpital, l'infirmière penchée vers elle lui sourit. "Bonjour Mélodie! Votre ami est là aussi."
 

Il s'approcha d'elle, lui caressa la joue, ému et attendri. Une larme roula sur le visage de Mélodie. Elle fit mine de vouloir prononcer quelque chose. "Chut, ma douce Mélodie. Repose-toi. On parlera plus tard. Tu peux pleurer. Je suis là, avec toi. Tu peux pleurer. Je reste là."