Sommaire
Accepter de se regarder
Adolescence
Agapanthe
Aimer avec tendresse
Amandier
Appartenance
Balle au prisonnier
Censure
Centre de la croix
Chrysanthème de la crise en thème
Coeur de petite fleur
Confinement
Connexion
Coquillage et crustacé
De concert avec l'oiseau
Dédale et Icare
Deux chouettes dans la nuit
Émancipation
Emprise
Engagement
Écorchure
Fermouverture
Force, Santé et Bonne veine
Forge
Gentil Coq'licot Mesdames
Houx
Incarnation
Magnolia for ever
Narcisse
Novembre émerge...
Nuit paisible
Ode au scarabée
Omnipotence
Paix du dimanche
Pas dans mon corps
Petite fille aux allumettes
Petite grammaire incestuelle
Pince Mie, pince Té
Prix de la reliance
Puissance d'une lettre
Réassurance
Résilience
Saltimbanque funambule
Si j'étais un homme...
Soutien salvateur
Story Movie
Variation en chamane mineure
***
Accepter de se regarder
... Ou ce que Dali aurait pu écrire à Gala...
Dans le cercle, yeux dans les yeux,
Je « te » vois, je « me » vois, je « nous » vois
Ensemble nous avons créé ce lieu
Contre toi, en silence,
J’écoute ton cœur, j’écoute ta voix
Je me laisse porter par ton rythme et sa danse
Un texte, une photo, un poème
Partagé au lever du jour, sous le soleil ou dans la nuit
Une vibration dans un « nous » comme une graine que l’on sème.
Partir et revenir de toi à moi ou de moi à toi,
Construire un chez soi près de l’autre
Sur ce chemin d’embûches, d’amour et de foi.
Sécher tes larmes, te donner la force de rester debout,
Caresser ta peau, accueillir tes défauts,
Effleurer ton âme dans sa vérité et sans tabou.
Dans l’intimité je t’aime, tu m’aimes,
Inséparable et entière depuis le Tout jusqu’au Rien
Dans le souffle du lien précieux comme une gemme.
***
Adolescence
Adolescence
Les sens à domestiquer
Qui fusent rageurs à travers
Les pores d'une peau trop astiquée
Comme pour masquer un univers
Intérieur où la vie inexpliquée
Prend son ampleur par devers
Les lois jusqu'alors indiquées
Adolescence
L'essence à dominer
L'autre en soi inconnu à découvrir
Des visions des aspects abominés
À intégrer à presque en mourir
Le fil de la vie à dérouler, deviner
Et sans cesse des voies à parcourir
Adolescence
Laisse en ce domaine
De transition la chenille devenir
Papillon où que ton cœur te mène
Écoute-le à l'intérieur qui se démène
Pour qu'à travers lui tu puisses sentir
En toi la foi la joie qu'il amène
Te détourner du vide du désir
Avide qui dans la chair fait souffrir
Ton âme de sa stérile rengaine.
***
Agapanthe
Déracinée de ton Sud natal
Par les marins du Nord,
Ta tige expose forte et fière
Tes corolles épanouies en sphère.
Sur ton sol d'origine,
Était honorée ta racine.
Soutien de vie, ton rhizome
Aidait à faire naître les mômes
Puis préservait les hommes
Et les femmes, de tout en somme.
Dans les tribus, plante d'amour
Pour les plaisirs humains,
Ton nom dans les "hautes cours"
Fit appel à l'Esprit Saint.
Ta sève patiemment nous élève
Jusqu'au moment de l'éclosion
Où nos fleurs en riche profusion
Rayonnent en toutes directions,
Accueillant aux portes de l'été
Le feu de l'heureuse prospérité.
***
Aimer avec tendresse
Aimer avec tendresse,
C'est parfois dire sans sécheresse
Mais avec gentillesse
Ces travers gênant notre sagesse.
Aimer avec tendresse,
C'est bien écouter avec finesse
Tant de ces faiblesses
Dissimulées avec maladresse
Aimer avec tendresse
C'est taire avec force de souplesse
L' envie vengeresse
Après les mots qui piquent et blessent
Aimer avec tendresse
C'est offrir à l'autre la largesse
Pour qu'il renaisse
Avec un cœur empli de noblesse
Aimer avec tendresse
C'est agir afin que disparaissent
Les envies d'ogresse
Et émergent les anges de hardiesse.
Aimer avec tendresse
C'est partager joies et allégresses
Que la vie caresse
D'une promesse de joliesse
***
Amandier
De leur amour malheureux, naquirent
Un arbre et un fruit : le beau Démophon
Rejoint Phyllis en amande amère.
La Mare Nostrum, ils la conquirent
Ces amandiers, en blanche floraison,
Pour le renouveau des cœurs austères.
Là où Hatim osa défier les sbires,
Son Dieu la transforma en frondaison
Honorant sa bonté débonnaire.
Amandier, tu grandis tel un Sire
Avec les abeilles en pâmoison
Par ton caractère mellifère.
Le cholestérol tu peux réduire
Si on laisse réagir de tes bourgeons
Le macérat dans les voies biliaires.
Et nos toux quinteuses cessent de nuire
Par tes feuilles ou fleurs en infusion
Pour une voix enfin posée et claire.
***
Appartenance
Quand la vie exacerbe le besoin d'appartenance
Au point que défaille la peau dans la résonance
Alors s'évanouissent les bonnes convenances
Et prennent le dessus toutes les impertinences.
En quête d'une affinité, d'une consonance
Face à la douleur et sa tranquille lancinance
Dans le cœur et le corps manifestant sa prégnance
L'être en conscience lutte contre ses souvenances
Où le rejet atteint des sommets de culminance
Couronnés de peur, honte ou dégoût en permanence.
Subjugué dans la paralysie entre abstinence
Et plate soumission à la suprême éminence
L'humain fait l'expérience de l'urgente imminence
À restaurer prévenance et inter-dépendance.
***
Balle au prisonnier
La balle est dans ton camp.
Qu'en feras-tu ?
Feras-tu comme la plupart
Des spiritualisants de tout poil
Prétexter le détachement
pour amorcer un départ
Au lieu de lever le voile
Et regarder tendrement ?
La balle est dans ton camp.
Qu'en feras-tu ?
Considèreras-tu le lien
À cultiver à protéger
Comme un précieux bien
Un instant par toi négligé
Par inattention ou bien
À dessein mis en danger ?
La balle est dans ton camp.
Qu'en feras-tu ?
Les mots en un tourbillon
Comme des feuilles arrachées
Au cœur des émotions
Ont fusé dans la lucidité
Sortant de la manipulation.
La balle est dans ton camp.
Qu'en feras-tu ?
L'utiliseras-tu pour te vexer
De l'injustice des actions
Posées et non reconnues
De la liberté presqu'indexée
Par une sournoise passion
Angoissée dans l'inconnu ?
La balle est dans ton camp.
Qu'en feras-tu ?
Dans le coeur pourras-tu
Sentir accueillir le désarroi
De l'espoir d'intimité tu
Et enfoui au profond de moi
Qui près de toi avait cru
Se réaliser trouver une voie ?
La balle est dans ton camp.
Qu'en feras-tu ?
Sera-t-elle cette occasion
D'une croissance nouvelle
Vers un partage de vision
Non plus au futur mais actuelle
Qui nous éloigne de la scission
Nous mène à l'affection mutuelle ?
La balle est dans ton camp.
S'il te plaît attrape-la au vol
Non pour foutre le camp
Mais plutôt pour un envol
À deux main dans la main
Dans le pardon des erreurs
De chacun d'ici et demain
Et la douceur du bonheur.
***
Censure
Enfant, tu criais de ton être les meurtrissures,
Entendues comme du calme la salissure,
Sur tes lèvres tu les as figées aux commissures
Où elles se rident avec du temps la flétrissure.
Ton coeur voudrait encore dévoiler ses blessures
Alors tu les craches comme des éclaboussures
Puisque l'art des mots est resté en censure
Et en toi, s'est creusé un abîme, une cassure.
Peut-être qu'un jour sous l'effet d'une élargissure
Tu pourras écouter en toi ton âme qui susurre
Comment exprimer colère et hargne sans morsure
Rendant ainsi à chaque pied la bonne chaussure.
Simplement, chassant la douleur de la rancissure,
Éclusant la peur qui étale la noircissure
Asséchant par chaleur et douceur les moisissures,
Surgit du fond de soi l'acceptation qui rassure.
***
Centre de la croix
Flottement et lassitude.
Survol au-dessus des heures.
Le temps passe, l'eau coule.
Le cœur s'essore, torsion après contorsion.
De boums vibrants en distances opaques.
Les images défilent comme un film déjà vu.
Changer la fin. Changer la fin.
Une nouvelle chance de finir autrement.
Enclencher l'aiguillage.
Prendre l'embranchement.
Au niveau de la croix.
Là au point du milieu.
Prendre l'embranchement.
Le voir venir. Prévenir.
Faire sonner la cloche ou le sifflet.
Locomotive à toute vapeur.
Freiner, ralentir, être attentif.
Passage délicat cet aiguillage.
D'un côté la vie. De l'autre la mort.
D'un côté la mort. De l'autre la vie.
Choisir ce qui vient en premier.
Passage obligatoire. L'une après l'autre.
Mais laquelle en premier ?
Aucune importance.
Maintenant tu es dans le train.
Fallait pas y monter.
Maintenant tu es dans le train.
Fantôme ou terreur.
Le cœur s'essore.
Torsion après contorsion.
Le temps passe. L'eau coule.
Survol au-dessus des heures.
Rester attentif. Guetter le détail.
Il est au centre de la croix.
Le voir à temps pour passer l'aiguillage
et changer de paysage.
***
Chrysanthème de la crise en thème.
Noble et beau chrysanthème,
Des empires japonais, tu es l'emblème,
Car à l'automne du bonheur tu parsèmes.
Soleil ici dans la brume, ta joie vaut un poème
À l'immortalité dont tu joues le requiem.
De la constance tu es la fleur suprème ;
À la plénitude tu nous invites même,
En infusant en nous un calme extrême
Apaisant les effets de drogues et envies de Bohême.
Mais chut ! gardons le secret comme une gemme
En cette période où le savoir devient problème
Et la confusion une généralisation de système.
***
Coeur de petite fleur
Il était une fois un
petit coeur de douceur
Tout rond, tout rose, à l’esprit rieur.
Un jour, une grande
spirale de bonheur
Vint l’aspirer et le transformer en une fleur
Aux pétales spontanés et au coeur créateur.
Tout près d’elle, un morceau
d’elle à peine en fruit,
Encore tout vert, tout tendre, tout juste construit,
Dût partir et s’évanouir dans la nuit
Puis devenir au ciel une étoile qui luit.
Vint l’insecte voltigeur
et dévastateur
Qui fit basculer et tourbillonner notre jolie fleur
Au milieu du doute, de la terreur et de la noirceur...
Mais son coeur aimait trop la couleur !
De toutes ses forces de
son corps elle usa
Son ami l’arc-en-ciel elle appela
Ses pétales elle transforma
Et sa bonne étoile elle convia.
Alors la petite fleur devint
sans plus de heurts
Un soleil rayonnant, inspirant et enchanteur,
Et son coeur de son œil bienveillant et sondeur,
Éclaire la route des enfants candides et rêveurs.
***
Confinement
Est-ce qu'on nous ment finement
Dans cette histoire de confinement ?
Controverses et questionnements
Soulevés dans un vœu d'alignement
Ou d'équité, exprimé par le mouvement
De quelques gens de discernement,
Suivi de près par le trépignement
De travailleurs voyant le piétinement
De leurs projets de vie dignement
Construits avec force et acharnement,
Bouillonnent sous le bâillonnement.
L'idée des hommes de gouvernement
Est-elle pour le bien de tous vraiment ?
Les positions affirmées bonnement
Et niées également scientifiquement
Créent un fond de doute assurément,
Éveillent les soupçons d'acoquinement
Et de pactes à des cautionnements
Signés à l'insu de tous mesquinement.
Les chiffres dans un foisonnement
Incessant d'annonces aucunement
Filtrées nourrissent l'empoisonnement
Des esprits grisés, saturés vilainement
Par la répétition et le tambourinement.
Sur nos peurs joue-t-on souverainement ?
Alors comment faire quotidiennement
Face à ces mesures de cloisonnement ?
Résister et agir clandestinement ?
Réagir, renverser le conditionnement ?
Se résigner, vivre le déracinement ?
Être solidaire d'un positionnement ?
Celui de l'être ou du prosternement ?
Du passé, des guerres l'enseignement
Peut-il nous reconduire sainement
Vers des valeurs où l'avènement
De l'humain est le cheminement,
Et de la claire lumière l'égrènement.
Est-ce qu'on nous ment finement
Dans cette histoire de confinement ?
***
Connexion.
Connexion.
Au-delà du temps et de l'absence.
Connexion.
Entre les battements dans le silence.
Connexion
Au centre qui vibre et s'expanse.
Enveloppe
Douceur, fraîcheur et espace.
Enveloppe
Regard, fondement et présence.
Enveloppe
Tendresse paisible et patience.
Union
Partage des visions, considération
Union
Regards croisés, construction
Union
Caresse, respect de la vibration.
Rencontre à l'extérieur
Alliance à l'intérieur
Couple de forces
Complémentaires
Cœurs solidaires
Corps solitaires.
***
Coquillage et crustacé
Un soir au début de l'été
Coquillage et crustacé
Sur la roche tout deux installés
À la veille des vacances
Une histoire commençait
Et je suis triste quand je pense
À tout le mal qu'elle m'a fait
Pourtant je sais bien qu'un jour prochain
Tout refleurira laissant dans le lointain
Douleurs, peines, plaintes et chagrin
Essaimés en moi par ce vaurien.
À ma gauche sûr tu te tenais
Preste, séduisant, séducteur
Des mots mielleux tu susurrais
Me trouver craquante tu disais
Mais d'une seule chose tu rêvais
Toi qui sur les femmes ne savais
Que craquer, petit macho abuseur.
Malgré les ans et les kilomètres
Le souvenir par bribes fait surface
Dans tout l'espace de mon être
Alors je prie Dieu pour qu'il s'efface
Peut-être au nouvel été
Toutes sensations oubliées
Je pourrai me laisser approcher
Sans me sentir comme un crustacé
Sur le point d'être dévoré
Et accepter d'être touchée
Frôlée tendrement caressée
Sans me retrancher dans un ailleurs
Illusoire aux horizons faux-soyeurs.
Accepter d'être touchée
Avec respect et avec coeur.
***
De concert avec l'oiseau
La blancheur du jour laiteuse
Transperce la couche nuageuse.
Sur fond de grillons chantants
Un oiseau pépie seul à tue-tête.
Il s'époumone là tout près
Sur l'arbre dans le fourré d'à-côté.
Seul l'écho des grillons imperturbables
Semble répondre à sa rengaine.
Au ciel se déchire le voile cotonneux
Dans une lente inertie de peu à peu.
Une autre voix, une mélodie, de sa couleur
Vient enrober l'appel strident de douleur.
Intense d'abord il s'apaise pour mon bonheur
Se mêlant à un gazouillis rond de douceur.
Ils conversent enfin dans les lueurs
Nuancées d'un nouveau matin rêveur.
Tisse ta toile, tisse ta toile,
À l'intérieur
Suis ton étoile, suis ton étoile,
Pour le meilleur
Ôte les voiles, ôte les voiles,
Fais confiance à ton cœur.
Les oiseaux chantent en concert
Accueillant cette aube de lumière.
***
Dédale et Icare
Je t'ai perdu.
Oui.
Je t'ai perdu parce que je n'ai pas voulu te gagner.
Je t'ai perdu parce que je t'ai laissé aller. Je t'ai dit "Va".
Je t'ai perdu ce jour où tu t'es tourné vers ton avenir.
Et j'ai tenté de t'y suivre.
Je t'ai perdu aussi ce jour où tu t'es tourné vers ton passé.
Et j'ai tenté de t'en détourner.
Je t'ai perdu cette fois où malgré moi la vie est passée à travers moi.
Et j'ai tenté de rester auprès de toi.
Je t'ai perdu cette nuit où la mort s'est installée en moi.
Et je me suis accrochée à d'autres que toi.
Oui.
Je t'ai perdu tellement de fois en prenant le risque de me perdre moi.
Aujourd'hui je suis perdue. Mais pas ma peine. Elle me conduit au travers de mes dédales vers Icare.
***
Deux chouettes dans la nuit
Dans la nuit
Une chouette
Hulule
Un son doux
Légèrement aigu
Un peu plaintif
Elle lance un appel
Y'a qqn ?
Y'a qqn ?
Dans la nuit
Une autre chouette
Hulule
Un son doux
Plus grave et rocailleux
Comme un roucoulement
Elle répond
Je suis là
Je suis là
Dans la nuit
Deux chouettes
Hululent
Un son doux
Comme une berceuse
Pour le cœur
Ensemble
Elles s'entendent
Sans se voir
D'un arbre à l'autre
Elles se font signe
Dans l'espoir
D'une prochaine nuit
Pour se voir
***
Écorchure
Dans cette course oû le monde s'effrène
Sourd au coeur qui bat à perdre haleine
Il est des âmes fragiles presque schizophrènes
Qui rêvent d'une unité et un paradis sans peine
Dans le chaos et le tumulte des angoisses
Le corps s'épuise à lutter contre la poisse
Dans un corset de chair oû la vie se casse
La joie et le mouvement trépassent
Rester dans une fluidité douce et sereine
Est un pari une gageure pour rester saine
D'esprit dans le flot des désirs incompris
Et la quête d'une paix qui n'a pas de prix.
***
Émancipation
La douleur de la matrice
Nous conduit à la naissance
Et elle parfois au sacrifice.
Dans le giron avec délice
Nous grandissons en coulisse,
Pourtant des drames s'y tissent
Le clan en tire bénéfice
L'être vit lié au supplice
Ignorant le maléfice
Un jour à l'instant propice
Du noir tréfonds des abysses
Au hasard de la malice
La note du préjudice
Devient émancipatrice
Niant du sort les caprices
Une force médiatrice
Émerge, réparatrice
Des plaies et des cicatrices
La puissance créatrice
S'éveille et offre l'esquisse
De la vie et la joie complices.
***
Emprise
Quand ce qui était autrefois une épaule
Devient aujourd'hui instigateur de contrôle
Qu'il soit patron, conjoint, état, agent de geôle,
Son instrument est la peur et la gaule.
Sa vision ne tend que vers un pôle
Et si tu t'y soustrais, tu risques la taule,
Quand tu manques de t'enfuir, il t'enjôle
Jusqu'à ce que de nouveau il t'enrôle.
À rester dans ce système, la mort tu frôles,
Alors ne te laisses pas entourer de tôles,
Ose t'affirmer et sortir de ta piaule,
Dehors la vie peut-être joyeuse et drôle.
Unis-toi aux chants negro-spiritual,
Esquive et mets des paniers au basket-ball,
Défoule-toi en tapant dans le puching-ball,
Dévoile ton art sur la scène du music-hall.
Bientôt tes yeux tu pourras orner de khôl
Te réjouir dans la réalisation de tes goals
Savourer la détente à l'abri d'un saule
Et dans l'onde du flow, nager le crawl.
***
Engagement
Engagement
Promesse
Parole donnée
Tu avais dit et tu n'as pas fait.
Je t'ai cru et je m'en suis voulue
La vie a ouvert une porte
Mon cœur s'est fendu
La corde a lâché
Le tic-tac s'est arrêté
Engagement
Promesse
Parole donnée
Petit refrain chantonné
Comme une leçon à apprendre
Par cœur et dans la douleur
Ton air revient dans l'air présent
Affiché au coin du tableau
Comme un ironique panneau
Désaveu et retrait
Juré pas craché
Doigts croisés
Une chance peut-être
Découvrir dans les secrets
Les sombres cachots de l'oubli
Les silences qui emmurent
Une porte qui s'ouvre
Un nouveau lien qui retient
L'amour d'un cœur serein
Mots qui pèsent
Le pour et le contre
Dialogue entendu
Choix et décisions
Qui se remettent
au passé et au présent
En sincère question
Pour un futur honnête
Toujours plus doux,
Aimant et apaisant.
Lever les voiles
Partir à l'aventure
De l'entente mature
Au milieu des étoiles
Qui pétillent au coeur
Des yeux francs et rieurs.
***
Est-ce notre essence cette fermouverture
Comme une articulation dans notre ossature
Un double et fluide mouvement dans la posture
Créant constamment du cercle la quadrature ?
Notre coeur de nos émotions la sépulture
Reçoit, rejette le sang sa nourriture
Héritée qu'il transmet à sa progéniture.
Lui appartient de s'y ajuster en tessiture.
Nos tripes de l'instinct terrien l'investiture
Nous retiennent ou nous lancent dans l'aventure
De l'action levant le masque de l'imposture ;
Alors la vérité devient architecture.
Notre esprit capte et met les idées en culture,
La critique pile les graines en mouture ;
Se sauvent celles qui ayant forte nature
Offrent des perspectives dignes et matures.
Essentielle est-elle cette fermouverture ?
Les contractions et contradictions qui triturent
Au fond de la matrice vers la déchirure
Poussent à la vie de nouvelles créatures.
***
Force, Santé et Bonne Veine
Que Strenia vous garde, et vous porte aubaine !
Que ce soit à Noël ou en guise d'étrenne,
Offrez comme en Gaule ou à l'époque romaine,
Un gage de force, santé et bonne veine,
À l'instar du gui ou bien de la verveine,
Cueillie au bois de la déesse païenne.
Que Strenia vous garde, et vous porte aubaine !
Verveine, modère les obstinations vaines,
Fais que fondent les perspectives anciennes,
Tout autant que les ambiances anxiogènes.
Philtre d'Amour, éloigne les quarantaines,
Ouvre des espaces accueillants et amènes.
Que Strenia vous garde, et vous porte aubaine !
Herbe sacrée des sorcières écrivaines,
Que les douleurs passent à l'arrière-scène,
"Être plutôt que faire" livré à l'antenne,
Liberté intérieure, notre capitaine,
Oeuvre au meilleur, et à la joie concitoyenne !
Que Strenia vous garde, et vous porte aubaine !
***
Forge
Cœur de braise
Pierre chauffée à blanc
Tisonnée par une main mystérieuse
La pique rougoie et transperce
Étincelles dans le noir de l'âtre
La pique s'acharne encore et encore
La braise résiste et crisse
Un souffle de répit
Et la chaleur augmente de plus belle
Le tison revient à la charge
Il tourne et retourne la braise
L'éloignant de la cendre froide
Elle roule et s'entrechoque
Aux autres braises éteintes malgré elle
Elle est là et elle roule
Au centre de la forge
Le souffle active le feu
Bientôt elle s'enflamme
Une nuée jaune orangée
S'élève au-dessus d'elle
Les coups de marteau reprennent
L'acier prend forme
Le cheval sera ferré
La braise se consume
La nuée jaune orangée disparaît
La fumée noire s'élève
L'acier est trempé
Le cheval hennit
Il est ferré
Ses pieds, protégés.
***
Gentil Coq'licot Mesdames
Ell’ s’envola un beau matin (bis)
Le cœur léger et d’amour tout plein.
Gentil coq’licot, Mesdames, gentil coq’licot nouveau.
Le cœur léger, d’amour tout plein,
(bis)
Elle offrit l’art né de ses mains :
Gentil coq’licot, Mesdames, Gentil coq’licot nouveau.
Elle offrit l’art né de ses mains,
(bis)
Malgré les jours plus qu’incertains :
Gentil coq’licot, Mesdames. Gentil coq’licot nouveau.
Malgré les jours plus qu’incertains,
(bis)
Les ennemis elle convainct :
Gentil coq’licot, Mesdames. Gentil coq’licot nouveau.
Les ennemis elle convainct, (bis)
D’accepter tous de s’aimer bien :
Gentil coq’licot, Mesdames.Gentil coq’licot nouveau.
D’accepter tous de s’aimer bien,
(bis)
Et que la guerre se fait en vain :
Gentil coq’licot, Mesdames. Gentil coq’licot nouveau.
Et que la guerre se fait en vain,
(bis)
Car nous sommes tous un peu frangins :
Gentil coq’licot, Mesdames. Gentil coq’licot nouveau.
Car nous sommes tous un peu frangins,
(bis)
Pour notre Mère, nous sommes les siens :
Gentil coq’licot, Mesdames. Gentil coq’licot nouveau.
***
Houx
Au terme de toutes ces longues nuits où le hibou
A vu la lune caresser le soleil son époux,
La lutte entre les deux chevaliers du chêne et du houx
Voit renaître le jour jusqu'au printemps et son redoux.
Béni par Marie car il a protégé du courroux
De Hérode son enfant pourchassé par les voyoux,
Cet arbuste dont les feuilles apaisent la toux
N'a rien à envier à la silice du bambou
Pour calmer la douleur, et cicatriser tel l'amadou
Les plaies de l'âme et les rages du coeur ; car il absout
Par le rouge sang de ses baies ceux qui ont rendez-vous
Avec la mort comme le fut le Christ avec ses clous
Et redonne force, vigueur et foi dans le Grand Tout
Lorsque pour la vie et la santé il joue comme un atout.
***
Incarnation
Spirale infinie et plongeon dans le trou noir
Adieu la douceur et la lumière d'un soir
Qui pourtant avaient empli le cœur d'espoir
Étoile filant trop tôt laissant sans le savoir
Derrière toi vers la vie un si étroit couloir.
Plus qu'un creuset tel un hachoir
Le vide est venu prendre place, s'asseoir
Entre les vivants et le lien a fait déchoir.
Chacun happé dans son propre laminoir
Aveuglé tâtonne pour ouvrir le mouchoir
Couvrant la peine servant d'étouffoir.
Dans la nuit le lampadaire rend blafard
Le mur blanc qui comme un écran happe le regard
Vers la pluie chantant dans la nuit
À tue-tête son refrain "pardonne et oublie "
Oublie les théories, les théorèmes et les théologies
Oublie les idées, les idéaux, et les idéologies
Laisse ton corps et ton cœur être traversés, malaxés, déchirés
Par la puissante main de ce machin
Que certains nomment Dieu et d'autres destin
Apprends simplement à vivre l'humain
Dans la tendresse et l'Amour souverain.
Dans la nuit le lampadaire rend blafard
Le mur blanc qui comme un écran
Laisse voguer le regard perdu ou hagard
Entre les mots et les notes d'un chant
Par les gouttes de pluie murmurant
L'attendue rencontre du ciel offrant
À la terre assoiffée dans sa nudité
La voie de sa plénitude et fécondité.
***
Magnolia for ever
Des magnolias par centaines
Des magnolias comme autrefois
Une des premières sur la Terre
Il y a 100 millions d’années
En perpétuelle évolution
Tu survis avec grâce et volupté.
Des magnolias par centaines
Des magnolias comme autrefois
Connu du Groënland à l’Asie
Puis en Europe rebaptisé
Tu inspires force et dignité,
Offrant beauté et pureté.
Des magnolias par centaines
Des magnolias comme autrefois
Pour traverser les âges sans rides
Et apprendre à goûter
La douceur de la vie
Et le parfum du temps qui passe
Des magnolias par centaines
Des magnolias comme autrefois
Du bourgeon à l’écorce
Tu transmets la vitalité
Donnant la sensation de plein
Au corps qui a trop faim,
Et à l’âme nostalgique hantée
par une trop sombre quête.
Des magnolias par centaines
Des magnolias comme autrefois
***
Narcisse
Corolle ensoleillée, tu annonces le printemps
Dans le frimas de l’hiver avec joie offrant
Un éclair de lumière, chaleureusement.
Dans les contrées lointaines de l’Extrême Orient,
Ta touche veloutée et ton parfum envoûtant
Évoquent l’amour fou et son charme puissant.
Aux pieds des Émirs, tes pétales s’inclinant
vers la terre, tels d’humbles serviteurs donnant
le meilleur, t’accordèrent un nom inspirant.
Ailleurs, ton or s’est multiplié honorant
D’Alma, le pas à pas patient, persévérant,
Sa foi dans un bel avenir investissant.
Ton bulbe mêlé au miel, des Anciens est l’onguent
Des brûlures, abcès, douleurs de ligaments.
Tes fleurs aux bienfaits reconnus tardivement
D’asthme, coqueluche et nerfs furent un calmant.
Et maintenant... au règne des médicaments...
De plante galante à granules soulageant
Le port de tête ; à galantamine éveillant
La mémoire, tu secours les cheveux d’argent.
***
Novembre émerge...
Novembre émerge dans la porosité
Entre les mondes ; la luminosité
Des bougies, les vœux en religiosité
Adressés avec impétuosité
Aux ancêtres dans l'au-delà visités.
Rituels ignorés ou bien usités
Pour solliciter la générosité
Des aïeux sortis de la morosité
De leurs destins empreints de viscosité
Pour qu'au présent avec curiosité
Nous les percevions hors nébulosité
Et apprenions de leur somptuosité
Abandonnant enfin nos rugosités.
Célébrons donc sans plus de nervosité
La mort qui loin de la monstruosité
Offre à la sagesse sa virtuosité
Et confère à la vie sa préciosité.
***
Nuit paisible
Nuit paisible
Nuit de silence
L'ovale de la lune luit
Comme ouvrant un tunnel
Dans l'obscurité du ciel
Invitant à se plonger en elle,
À partir dans le parallèle.
Les étoiles scintillent
Phares pulsatiles
Comme des cœurs d'anges
Éthers volatils
Les nuages en barrière
Écument l'horizon
De leur mousse claire
Sur une statique terre
Le vieillard tousse
Le voisin fume
Le chien aboie
Dans la nuit paisible
La nuit de silence
La réverbère mordore
Les feuilles de l'arbre
Le fêtard déboule
En rythme bruyant
Le bosseur démarre
Moto pétaradant.
La lune décline
Elle a le sommeil
Que je guette
Et part se cachant
Derrière la silhouette
Assombrie des bâtiments.
Nuit paisible
Nuit de silence
À l'intérieur le Rêve
Prend consistance
L'être voyage flottant
Dans la distance
Et même dans le temps
Rejoignant dans l'espace
Sa famille de communion
Avec joie et espérance
Qu'adviennent pour nous
La douceur et la patience
Et nous réunir enfin
Dans le quotidien.
Nuit paisible
Nuit de silence.
***
Ode au scarabée
Petit scarabée
Contre la vitre tu vrombissais
Dans la nuit déjà avancée
À la lumière tu réagissais.
Petit scarabée
Ailes agitées, élytres soulevées,
Avec force à la porte tu cognais
Comme appelant une vie rêvée
Intriguée de cette insistance renouvelée
J'ai ouvert, t'ai découvert et observé
Sur ma main tu as chuté, pattes emmêlées
Tu t'es recroquevillé dérouté, énervé.
Ta carapace douce lisse et striée,
Quelques caresses a apprécié
Tes fines pattes de coléoptère
Sur mes doigts ont trouvé une terre
Tes commensaux ont surgi
De sous ta carapace assagie
Tes antennes ensuite déployées
L'inconnu au-devant ont balayé
Et puis la lumière une autre fois
T'as attiré comme autrefois
Joyeux tes élytres tu as relevé
Tes ailes ton poids ont soulevé
Tu t'es envolé tout droit là haut
Et le mur tu as heurté de ton dos.
À terre étourdi je t'ai recueilli
Le cœur pour toi en bouillie
Que ton rêve t'ait encore failli
Du même élan qu'il avait jailli
Petit scarabée
Je te rends à la douceur de la nuit
Protège ta vie sous la lune qui luit
Garde en toi l'espoir d'une autre vie
Quand la lumière en aura envie
Tu pourras vivre en elle réjouie
Que tu honores sa lueur infinie.
***
Omnipotence
La vengeance n'a d'autre rime
Que l'impuissance qui supprime
L'art de la décence ; elle opprime
À l'arrogance aidant la frime,
La décadence. Elle envenime
L'éloquence et l'envie décime
De concordance. L'âme elle grime
De suffisance et la comprime
Dans le silence sans estime.
La manigance même infime
Dans l'évidence clarissime
Noie la congruence et le mime
De l'offense pare en victime
L'intransigeance alors qu'elle brime
La croissance qui légitime
Une ascendance magnanime.
Une audience pusillanime
De la médisance élime
Les mots et sentences ultimes ;
Avec patience tous ces crimes
De délinquance où s'abîme
La souffrance, elle les imprime
En résistance où elle déprime.
***
Paix du dimanche
Au bout de la tranquille lenteur du dimanche
Vient l'horizon de la semaine et son avalanche
De course, stress ou soucis prenant revanche
Sur cette pause où le cortisol débranche.
Garder en bouche la saveur du gâteau en tranche
Ou sur la peau l'ivresse de la glisse sur planche
Ou dans le cœur l'accueil de l'arbre dans ses branches
Pour que de l'âme la soif de vie s'étanche
Dans un quotidien où la rentabilité retranche
Aux hommes leur intériorité alors qu'elle enclenche
Solidarité et paix afin que la joie s'épanche
Et nul ne finisse dans la rue à faire la manche.
***
Pas dans mon corps
Je n'étais pas dans mon corps
Non
J'étais autour de lui
À guetter le moindre signe
Le moindre geste
Qui aurait pu ressembler
À ce basculement si spécial
Vers la prise de possession
Je n'étais pas dans mon corps
Non
J'étais autour de lui.
À ressentir ce que cela faisait
D'être entourée parce que l'autre
En a envie et qu'on a dit oui.
Je n'étais pas dans mon corps
Non
J'étais autour de lui.
À me rassurer me dire
Tu as l'air d'être en sécurité
Bien que tu n'avais pas envie
De te retrouver dans ces draps.
Je n'étais pas dans mon corps
Non
Tu sembles en avoir été frustré
Parce que tu attendais en retour
Une ouverture
Un signe que tu avais bien fait
Qu'il pouvait y avoir
Du répondant
Je n'étais pas dans mon corps
Non
P-ê n'y serais-je jamais
P-ê y serais-je un jour
Tout le temps
Ou par moment
Quand je saurai me protéger
De mes faiblesses
À l'emprise
La soumission
La sidération
L'obtempération
Et que je saurai
Défendre mon Non.
***
Petite fille aux allumettes
Le chuchotement de la chouette chuinte dans la nuit noire.
Le charivari des chiens chahute le croissant de lune.
Loin de battre la chamade, le cœur se déchire dans l'obscurité.
Les cheminées des chaumières charrient les fins filets de fumées.
Cherche en toi le chemin et sors du chagrin !
Petite-fille aux allumettes réchauffe-toi,
Cesse de céder ta lumière aux esprits narquois.
Petite-fille aux allumettes réchauffe-toi,
Réveille-toi, relève-toi, fais feu de tout bois.
Les chauves-souris chassent au plus près de la charpente chevillée.
La chenille chevauche la branche du chêne que tu chéris.
La chance chavire à l'approche de la chevelure de l'étoile qui file.
Les chamailleries te chamboulent ; tu chancèles face au changement.
Petite-fille aux allumettes, rêve lucidement,
Éclaire ta route d'un ferme discernement.
Petite fille aux allumettes, rêve lucidement,
Face à la mort, accepte de la vie le revirement.
***
Petite grammaire incestuelle
Suis-je sujet ou objet ?
Quelle place ai-je ?
Avant ou après le verbe ?
Dois-je porter la parole ou la subir ?
Suis-je sujet ou objet ?
Quel est mon pouvoir dans la réalisation de l'action ?
Est-ce que directement je la suggère et la personnifie ?
Ou dois-je faire avec ce qui m'est appliqué ?
Suis-je sujet ou objet ?
Quelle est ma fonction ?
Celle d'être écoutée, respectée et aimée ?
Ou celle d'être rejetée au rang de complément ?
Suis-je sujet ou objet ?
Ou bien simplement attribut,
À la suite d'un verbe copulatif,
Comme l'extension d'un autre sujet ?
***
Pince Mie, pince Té
Avec un tel contexte en économie
Question cruciale devient l'autonomie ;
Bon nombre confrontés à l'adversité
Vont forger de nouvelles capacités.
Certains donnant crédit à l'astrologie
Guetteront la mondiale dichotomie ;
D'autres loin de la caustique cécité
Iront chemin de la générosité.
Si l'humain retrouve de la bonhommie
Son cœur durci changera d'anatomie
En souplesse il vivra l'authenticité
Le faisant grandir dans la simplicité.
Souvenons-nous : "Pince-mie et Pince-té
Ont laissé entrer la morosité
Pince-mie s'est perdu dans l'opacité
En force revint la félicité."
***
Prix de la reliance
Le prix de la reliance, au-delà de la distance
Et des nuages de silence, supporter l'absence
Le futur en dormance, les envies en latence
Garder la confiance au fil de l'expérience
Dans la constance, juguler la peur et sa violence
Alors que la vie sans assurance sûrement avance
Pendant que les forces se condensent
Dans les mouvements de conscience
Où l'énergie se consume et se dépense
Dans la surprenante résurgence
D'amères et vieilles rémanences
En chemin vers une nouvelle jouissance
Accepter le non-sens et se sentir en partance.
***
Puissance d'une lettre
L'espace d'une lettre
Et tout peut basculer
La joie change de voie
Quand tu découvres
Qu'au lieu de t'aimer
On s'assure de t'aider
L'espace d'une lettre
Et tout peut basculer
Le besoin de sauver
Louable a fait sauter
Le verrou du seul jeu
Où l'on gagne si peu
L'espace d'une lettre
Et tout peut basculer
En silence dans la fuite
Impossible toute suite
Les mots couchés à lire
Tuent l'envie de se dire
L'espace d'une lettre
Et tout peut basculer
L'endroit sacré du lien
Devient le lieu du rien
Où ce qui rime avec foi
Est revenir à soi sans toi
L'espace d'une lettre
Et tout peut basculer.
***
Réassurance
Quand l'inquiétude appelle la réassurance
Intense et vaste est l'angoisse face aux carences
La confusion envahissant la cohérence
Car du réel le regard perd la référence
S'égarant entre péril et peur en errance.
Simple évasivité ou lâche indifférence,
Absence de réponse, tact ou déférence,
Du cruel abandon réveillent la souffrance
Réduisant au néant du contact l'espérance.
Parier sur le silence ou l'intempérance
Pour couper court aux tentatives d'ingérence
De la relation supprime la transparence
Et fait le lit de la sournoise irrévérence.
Définir l'inconnu, sortir de l'ignorance
Poser des limites claires aux apparences
Anihile les envies de persévérance
Panse la plaie sanglante de l'intolérance
Met hors combat la dureté des remontrances
Cède enfin la place à la patiente confiance.
***
Résilience
Quand le goût de vivre devient trop acide
Et que l'envie d'ailleurs te mène vers le suicide
Respire, inspire, retiens l'air et plonge dans le vide
Car dépassant la peur par ce saut intrépide
Peut-être pourras-tu voir cette bobine qui se dévide
De ces liens qui te maintiennent rigide
Dans le corps et le cœur confus et avide.
Quand le goût de vivre devient trop acide,
Car la vision de l'humain qui trucide
Ses semblables dans les génocides,
Ou mutile sa part de complétude lucide
Tuant l'homme ou la femme qui hybride
Pourtant son identité vivante et fluide,
Remonte la rivière du temps limpide
Appelle les ancêtres au visage livide
Reçois leur amour et leur paix en guide.
Quand le goût de vivre devient trop acide,
Que dans les choix, ce n'est plus toi qui décide,
Qu'à force de questions tu te sens stupide,
Que l'air de la soumission devient fétide,
Vois le contrat de duperie candide
Où le besoin d'être aimé a joué perfide
Contre toi qui te retrouves impavide.
Élance-toi dans la reconquête splendide
De tes sens et ton instinct sûr et solide
Qui te préserve des attaques liberticides
Et te mène vers la transparence translucide
De la joie douce et chaude comme l'or liquide.
***
Saltimbanque funambule
Sur son fil, le saltimbanque
Du coeur y a fait le branque.
À l'appel, bien sûr, il manque
De tomber, donc il se planque.
Son trésor, celé en banque
Aussi sûr qu'en zone franque
Ou noyé au fond des calanques,
N'est rien d'autre que la croix d'Ankh
Qu'autour du cou il se flanque
Lorsque par vaux et calanques
Il part jouer à la blanque.
***
Si
j’étais un homme…
Si
j’étais un homme…
Je
pourrais sortir des chiottes,
braguette ouverte, la bite à l’air et sans gêne,
Je
pourrais pisser debout dans la rue,
dans tous les coins, sans honte même si ça pue,
Je
pourrais roter pendant le repas
sans qu’on me crie dessus,
Je
pourrais ouvrir les conserves
avec un seul doigt et pas celui qu’on croit
Je
pourrais interdire à ma femme de conduire,
pour pas que la mort m’attende au tournant,
Je
pourrais séduire les minettes puis les balancer
après avoir pris mon pied en les sautant
et leur crachant dessus,
Je
pourrais avoir la gueule qui pue la tabac,
Et la tignasse enduite de gomina
Je
pourrais me vanter d’avoir des poils
aux jambes, au cul et aux dessous de bras,
Je
pourrais vociférer « Ta gueule, tu m’fais chier »
Et faire un bras d’honneur à mon patron,
Je
pourrais partir de la maison
sans donner d’explication,
et y revenir sans rien dire,
Je
pourrais faire des enfants partout
que ça se verrait pas
et sans avoir même besoin d’avorter,
Je
pourrais m’habiller sexy
avec un Marcel hideux et un pantalon crasseux
Je
pourrais être le héros qui sauve les princesses
Et puis à sa botte les enchaîne…
Mais
est-ce que j’aimerais être un homme…
Je ne sais pas
Et s’il existe d’autres hommes,
Pourquoi je ne les vois pas ?
***
Soutien salvateur
Il est des mots qui perdent leur puissance
Dès lors qu'ils sont usés en des circonstances
Ou l'intention quoi que bonne est inconsciente
De l'impact sur autrui et des conséquences
Si un jour admettons qu'on propose de l'aide
Vérifions que la proposition ne dépossède
En rien de ses moyens celui à qui l'on concède
Force, habileté, participation ou autre remède
Car par seul souci d'aimable bienséance
L'un peut de l'autre mettre en évidence
L'incapacité, la honte de l'incompétence
Et empocher quant à lui prestige et prestance
Qui face à l'insistance de bon secours cède
Devra peut-être affronter celui qui excède
En zèle et trouver l'aplomb qui intercède
Pour que la fierté au rabaissement succède.
Préservant respect et intégrité, d'assistance
Garantit le soutien, l'affection, la présence
Soulage de la pression, évite les jeux d'influence
Accorde de l'attention et offre la congruence.
Il est des mots qui ont le goût de récompense
Touchant le cœur alors ils possèdent
Le pouvoir de sauver de la distance
Car la cause de l'amour ils plaident.
***
Story Movie
Le frigo ronronne
Le chat ronchonne
Je suis une intruse dans la nuit.
Les moustiques picotent
La lune des nuages a la cote
Je rêvasse dans la nuit
Les pensées divaguent
Et le cœur faisant naufrage
Cherche un doux rivage
Où enlever la pointe des dagues
Des douleurs qui font rage
Et des peurs que la noirceur tagge
M'excluant démunie à la marge.
La lune joue à cache-cache
L'ombre des arbres se détache
Soupir de l'être perplexe
Dans un monde trop complexe
L'illusion de la lumière
Met sur les uns des oeillères
Le réalisme pragmatique
Crée ailleurs la futilité pratique
Trouver de vivre l'envie :
Le pari d'une story movie
Où j'ignore qui écrit le script
De la découverte des cryptes.
Et où je joue le mauvais rôle
De ceux qui sont en tôle.
***
Vide de Narcisse
Il est de ces rencontres salvatrices
Qui soudain font entrer en lice
Le désir, le cœur, le lien et le vice.
L'escalade de la raison dévisse
Et chute dans le vide de Narcisse ;
L'être morcelé est mis au supplice.
Les questions obscures pour le novice
Finissent par démanteler la malice
Et reconstruire l'entente complice
La sagesse depuis les coulisses
Aide à lever le voile dans l'exercice ;
La vérité apparaît telle une nourrice.
Rien à faire pour être aimée ; tel est le délice !
Après tant d'années perdue dans les caprices
De l'insidieux désert affectif pétri d'avarice.
Soulagement, paix et joie libératrice !
Finies les guerres manipulatrices !
Le cœur s'ouvre enfin à l'amour et au service.
***
Variation en chamane mineure
Lachamanisette
Se rafraîchit, se désaltère malgré la disette
Lachamaniseuse
Se cherche se perd se trouve douce rêveuse
Lachamadiseuse
De bonne aventure avec ses cartes hasardeuses
Lachamaliseuse
entre les lignes de la main, des bouquins, d'une destinée plus heureuse
Lachamalanuit
Dans l'obscurité au ciel elle se confie
Lachamalavie
Entre peur et foi avance souriante à la vie
Lachamalajoie
Éclate de rire espiègle coquine hors la loi
Lachamanettoie
du vent du balai chaudron et rond de bois
Lachamanétoile
tisse les liens lève les voiles
Lachamanenvoie
dans la spirale elle tournoie
Lachamanentoi
s'éveille en miroir de moi
Lachamanensoie
en douceur en amour se déploie.